Pêche miraculeuse et tapas de la mer scintillants pour le Peixes, décoré comme une belle poissonnerie nouvelle vague et submergé par un flot continu d'amateurs appâtés par la fraîcheur de la prise.
Pêche miraculeuse pour le Peixes ancré à l’orée du vieux Nice et décoré comme une belle poissonnerie nouvelle vague avec sa faïence blanche tatouée façon azuléjos.
Peixes, « poisson » en portugais est un nom évocateur qui claque comme une voile agitée par le vent marin. C’est la nouvelle déferlante du très intuitif Armand Crespo, à la barre de cet établissement crée en 2016, et sa quatrième belle idée en 10 ans. C’est après “Le Bistrot d’Antoine” ouvert en 2006 et « le Comptoir du Marché » en 2011 désormais dirigé par Loïs Guenzati puis le récent rachat à Noëlle Perna de cette institution niçoise qu’était “Le Bar des Oiseaux”.
Cette fois, c’est donc une vague de fraîcheur iodée qui submerge le vieux Nice, quartier de prédilection du restaurateur avec toujours la même feuille de route consistant à privilégier la belle table d’atmosphère particulièrement conviviale. Amarré dans une petite rue discrète reliant la Place Massena au Quai des États-Unis, il ne désemplit pourtant pas.
Figure de proue d’une restauration marine ultra-fraîche et sans prétention qui manquait à Nice longtemps dominée par une conception très institutionnelle de la cuisine de la mer, ceci, depuis les années 30 avec le populaire Cocobeach. le Peixes, vent en poupe, insuffle désormais un esprit désinvolte mais inventif aux plats parfois sublimés par les harmonies créatives et acidulées de la mangue, du fruit de la passion ou du yuzu.
Même si l’équipage mené par le chef Thomas Rocha et ses assistants viennent de Lisbonne et de Guincho, le Peixes n’est pas spécifiquement lusophile. Il ne voue donc pas un culte à la morue.
Il hameçonne les clients en attirant au bout de sa ligne et dans le pousseux comme dans la bourriche, crevettes, huîtres Fines de Claire, Saint-Jacques, oeufs de poisons volants, calamars, maquereaux, truite (d’un élevage bio de Roquebillière, en pays niçois), et pour les plus grosses prises, espadon, le tout, accommodé en petites fritures croustillantes, en marinade parfumée, en plancha, en tartare (de chinchard) et en tapas de la mer scintillants ou encore en ceviches d’inspiration péruvienne, préparation très en vogue ces dernières années.
Quelques plats mais surtout beaucoup de petites portions entre 8 et 15E servis en flux continu du midi jusqu’à 22 heures. Pour ceux qui n’ont pas le pied marin, Peixes réserve un plat de la terre ferme, du style « tartare de bœuf accompagné d’une espuma de pomme de terre ». En revanche, les végétariens qui ne se sont jamais laisser berner par l’expression « fruits de mer » devront se rabattre sur la carte courte des desserts, pas plus de quatre mais qui de l’avis général relèvent également de la bonne pêche: Brownie au chocolat, glace noisette et ganache au thé Earl grey ou le financier, espuma yaourt à la Grecque et miel par exemple.
La boussole des amateurs de poiscaille déluré les mènent aujourd’hui directement sur la terrasse piquée d’oliviers ou dans la salle lumineuse, conçue comme un zinc de marin du sud, avec sa cuisine à vue et sa céramique blanche qu’égayent en bleu royal les illustrations chimériques d’une femme-pieuvre et d’un portrait coiffé de la frégate “Belle poule” à la Marie-Antoinette.
Avec Peixes, c’est cap au sud vers une mer poissonneuse qui s’échoue somptueusement dans l’assiette.