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En à peine trois ans, elle a permis à sa petite galerie en ligne de se faire un nom. Elle, c’est Lucia Marcu, jeune trentenaire d’origine roumaine, tout feu tout flamme et bien décidée à changer notre rapport à l’art.

Galerie Martin Sauvage, un joli nom qui sonne comme un patronyme très français de la nouvelle vague. Pour l’anecdote, il n’est rien d’autre que le nom de son turbulent chat (un chartreux corse) qui laisse sur ses bras et son visage les souvenirs de son affection.  Débarquée à Nice avec sa famille à l’âge de dix-sept ans, Lucia Marcu est une autodidacte douée d’un certain flair et de beaucoup de culot.  Tantôt sérieuse tantôt charmeuse, la féline a déjà séduit près de soixante artistes dont elle propose les œuvres à la location et à la vente pour les entreprises, mais aussi aux enchères pour les particuliers à travers des plateformes comme Artsper et Artprice.  Une expo à la Gare du Sud ou au Galeries Lafayette, un happening à l’hôtel Amour? Elle propose de nouveaux formats de présentation et d’acquisition d’œuvres d’arts plus raccord avec la génération des digitales natives.

Vous destiniez-vous à travailler dans l’art étant jeune ?

Non.  En Roumanie j’étais une brillante élève. Je souhaitais être médecin mais je me suis retrouvée déscolarisée et j’ai dû trouver un boulot rapidement une fois arrivée à Nice pour aider mes parents. Alors très tôt j’ai travaillé dans la vente.

Pourquoi ne pas avoir continué ?

Peu avant le passage de la trentaine et alors que j’avais un poste à responsabilité et une équipe à gérer, je me suis réveillée un matin avec une question existentielle : “maintenant que tu sais faire ça, pose-toi les bonnes questions. Est-ce que tu aimes ce que tu fais ?” A partir de ce moment-là, j’ai décidé que je me lèverai chaque matin en faisant un métier qui me passionne, peu importe les difficultés.

Y-en a-t-il eu beaucoup au départ ?

Oui car je suis partie sans investisseur, au culot, la fleur au fusil et sans carnet d’adresses. J’ai alors commencé à m’intéresser aux artistes de la région. Au-delà de l’art, j’ai toujours aimé l’humain.

Pourquoi ce système de location d’achat d’œuvres d’art ?

Je savais que je ne pouvais pas uniquement compter sur la vente car elle était aléatoire et qu’il me fallait comme aux artistes des rentrées régulières.

Comment fonctionne ce système pour les entreprises et professions libérales ?

La durée du prêt et sur dix mois. La location revient à 10% du prix de l’œuvre pendant 10 mois. Soit 150 €/mois si l’œuvre au catalogue coûte 1500 €. Ensuite si le dirigeant ou l’un des membres de l’entreprise veut l’acheter, il paiera 99€ d’option d’achat (quelque que soit le prix de l’œuvre) supplémentaire à la fin pour l’acheter.

 

Quel est l’intérêt pour l’entreprise ?

Offrir une touche plus créative et inspirante son cadre d’accueil ou de travail pour favoriser le bien-être et l’épanouissement. Cela permet aussi de véhiculer ses valeurs à travers les œuvres exposées. Il y gagne également en investissement puisque tous nos artistes sont cotés ou sont en train de l’être.

Comment peut-elle être sûre d’avoir fait le bon choix ?

L’entreprise pioche dans notre catalogue les pièces qui l’intéressent. La location est gratuite pendant trois semaines afin qu’elle soit pleinement satisfaite de son choix . Sinon je reprends les œuvres gratuitement. Je ne veux pas de mauvaises vibes et que le client se sente bloqué contractuellement.

Comment s’opère le choix des artistes au catalogue ?

Photographe peintre, sculpteur, je fonctionne aux coups de cœur. Il s’agit d’artistes de tous les âges , à 70% de la région de Nice. Mais j’essaie par contre de respecter une certaine parité car les femmes ont beaucoup de mal de se faire un nom dans l’art contemporain.

On est aussi loin de l’art bling et cliquant pour jet set fortunée ?

Oui et de toute façon il y a déjà beaucoup de monde sur le créneau sur la French Riviera (rires). Il s’agit plutôt d’artistes talentueux et en devenir qui ont un style bien à eux. Les dessins au Posca sur papier d’Hélène Depotte, les sculptures en ciment et toile de jute de  Lucas Bernardersci, les photos de Gaëlle Simon, les peintures spontanées de Gauthier Bruel, tous les styles m’intéressent.

Quels rapports entretenez-vous avec eux ?

Je connais tous les artistes personnellement et j’ai besoin d’avoir un bon feeling pour pouvoir les vendre. Je me considère un peu comme leur maman même si je suis encore jeune. Je regarde bien sûr la pertinence de leur travail mais aussi ce qu’ils véhiculent à travers leur art. J’ai l’habitude de dire que je ne vends pas des œuvres d’art, je suis distributrice de bonheur (rires).

Qu’ont-ils eux à gagner ?

Les œuvres ne dorment pas et sont rendues visibles à l’international grâce à leur présence sur des plateformes comme Artsper et Artprice. Le système de location-vente permet lui d’avoir des revenus moins aléatoires.

Vous souhaitez aussi rendre l’art accessible à tous les budgets ?

Oui la fourchette des prix est très large allant de 100 € à 40 000 €

Le modèle économique est-il viable ?

Les premiers événements sont toujours à perte, les frais d’installation, la création d’un site marchand, tout ça coûte beaucoup d’argent mais maintenant je suis sur la pente ascendante et commence à être rentable après trois ans, ce qui est un peu la durée normale.

 Qu’en est-il du développement de la société ?

Je suis en plein recrutement de commerciaux que je forme afin de pouvoir me consacrer pleinement à la direction artistique, aux ventes aux enchères et aux évènements.  Je ne suis pas Shiva et je suis arrivé à un point où je ne peux plus tout gérer toute seule.

Un développement est-il prévu hors de Nice ?

Nous aimerions nous développer à Paris et en Belgique puisque la loi permet aussi ce concept de location avec option d’achat entièrement déductible pour les entreprises dans ce pays.

Après trois ans, vous ne regrettez pas votre choix alors ?

Loin de là ! Chaque jour je reçois sur mon téléphone des propositions d’évènements auxquels je n’aurais même pas songé il y a quelques années comme au Brésil.  J’ai un peu l’impression de vivre un rêve.

L’artiste que vous aimeriez avoir à votre catalogue ?

Ernest-Pignon Ernest. Je l’ai croisé dans la rue, j‘ai fait mes yeux de biche mais n’ai pas osé aller lui parler 🙂

Propos recueillis par Eric Foucher

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