Saviez-vous qu’il existait un bagne sur le port de Nice ? Ce bâtiment emblématique étroitement lié à l’histoire de la ville abrite désormais un espace dédié à la culture et à l’art. On vous invite à une visite sur les traces des forçats.
Le Département des Alpes-Maritimes a restauré et transformé l’ancien bagne de Nice, le plus ancien bâtiment du port, ainsi que le pavillon de l’horloge attenant pour leur offrir un nouveau destin. L’Espace Lympia a vu le jour en 2017, consacré par le département à la promotion de la culture avec des expositions temporaires.
Au milieu du XVIIIè siècle, le roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III décida la construction d’un port à l’est de la colline du Château sur une zone marécageuse irriguée par le ruisseau Lympia. Ce sont les galériens du bagne de Villefranche qui commencèrent les travaux. L’édifice dans lequel une partie de l’Espace Lympia s’est installé n’était au départ qu’un entrepôt-atelier aux salles voûtées utilisé pour ces travaux.
Vers 1802, il sera une prison pour militaires déserteurs, puis jusqu’en 1850 une annexe du bagne de Villefranche. Pour améliorer les conditions de vie des forçats et des garde-chiourmes, une chapelle et le pavillon de l’Horloge seront construits. Les prisonniers entretiendront et agrandiront le port en contribuant ainsi à l’essor économique de la ville.
L’ensemble architectural formé par le bagne et le pavillon de l’Horloge est un précieux témoin de l’histoire de Nice et de son port. C’est aujourd’hui le seul bagne conservé dans son état d’origine sur le territoire français avec ceux de Nouvelle Calédonie et de Guyane.
L’extrémité sud a été détruite. Fort heureusement en 1943, l’ensemble fut placé sous protection au titre de « monument historique ». Le bagne – appelé par les vieux niçois Lou barri lonc – trouva au final sa vocation culturelle.
Trois espaces sont exploités : une galerie, un pavillon et une terrasse. La façade est constituée d’arcades percées de portes et l’on pénètre tout d’abord dans la zone d’accueil-boutique installée dans l’ancienne chapelle où les forçats assistaient à l’office. La galerie en pierres de taille sous une voûte en berceau permet d’exposer des œuvres sur 250 m2.
Les éléments caractéristiques du lieu ont été conservés : circulation centrale en pierre, bat-flancs maçonnés qui servaient de paillasse aux prisonniers, anneaux auxquels ils étaient enchaînés, volets intérieurs aux grandes barres en fer.
Dans ce cadre privilégié avec vue sur la mer et les façades historiques du quartier, les expos se succèdent : Pierre Soulages, Giacometti-L’œuvre Ultime, Le cas Moya, Tatoueurs, Tatoués …
La visite se poursuit dans le pavillon de l’horloge où logeait le directeur du bagne et sa famille ainsi que le prêtre. Après rénovation de cet édifice de style néoclassique coiffé d’un clocheton à horloge, 150 m2 se sont ainsi ajoutés à la capacité d’accueil des expositions.
La terrasse qui couvre la galerie offre une vue magnifique sur le port et permet d’exposer des œuvres monumentales, accueillir des vernissages et se privatiser.
Petit plus : Des dossiers pédagogiques sur l’histoire du bagne et les expositions en cours sont à télécharger sur le site de L’Espace Culturel Lympia qui propose aussi des visites guidées et des ateliers gratuits.
Par Anne Emellina (texte et photos)