Malgré l’ère du numérique qui pouvait faire craindre la disparition de l’écriture à la main et renvoyer le stylo à de poussiéreux tiroirs, ce dernier est toujours un objet de désir. Utilitaire, fétiche ou de collection, il reste un compagnon indispensable que la Maison Creutz vous aide à choisir depuis 126 ans.
À la boutique Creutz & Fils, on vous propose une véritable immersion dans l’univers du stylo. Face aux belles vitrines aux vitraux colorés style 1900 et à la porte encadrée de deux stylos géants, nous voici déjà plongés dans une atmosphère surannée. En entrant, on découvre un cadre presque inchangé depuis 1896 : tiroirs en bois, anciennes publicités, grandes colonnes, énorme coffre-fort installé par Alexandre Fichet lui-même, vielle caisse enregistreuse et personnel en blouse blanche.
Au mur, voici le portrait de Charles Creutz, le fondateur et grand-père de Jeanine Forestier-Creutz, propriétaire du temple spécialisé dans la réparation et la vente de beaux stylos.
Des générations de niçois connaissent la boutique qui a su maintenir une tradition de haute qualité, un savoir-faire en voie de disparition tout en se tenant à la pointe de l’innovation.
Philatéliste passionné, Charles Creutz ne vendait au départ que des timbres mais c’est lorsque la douzaine de porte-mines automatiques qu’il avait exposée en vitrine (laissée par un ami pour un remboursement) fut vendue en un temps record qu’il comprit que l’écriture était son avenir. Son fils Charles rejoint l’affaire en 1926, le cadet Georges suivit et ils forgèrent tous les trois la solide réputation de l’établissement.
Parmi les fidèles clients, le peintre Matisse essayait longuement les plumes et les encres et se laissait guider par les conseils de la maison. Et c’est cela qui fait toujours aujourd’hui la force du magasin, le conseil d’experts qui connaissent la marchandise et ont surtout la passion de l’écriture, du plaisir de la plume ou de la bille qui glissent sur le papier, des caractères qui se forment grâce à l’outil adapté.
On n’achète pas un stylo sans l’essayer. Depuis 1976, Janine Creutz observe votre mouvement d’écriture, la tenue du stylo, la pression sur le papier, la grandeur des lettres et peut ainsi savoir quel type de plume vous convient le mieux.
Mais le stylo se vend-il toujours autant ? Oui, un beau stylo parcourt les âges et ne se démode pas. C’est toujours un des premiers cadeaux auquel on pense et c’est également un objet qui se transmet. Il y a souvent un très fort attachement à un outil d’écriture qui va nous accompagner, se façonner avec l’usage, signer de gros contrats ou des lettres d’amour … la plume raconte l’intime.
Et puis à l’heure des écrans, cette fluidité que l’on retrouve à écrire à la main est irremplaçable. À la rentrée scolaire, les enfants affluent au magasin, les étudiants et les professeurs ont besoin d’écrire, les écrivains connaissent l’institution et son large choix.
Chez Creutz & Fils, vous êtes assurés de trouver toutes les marques de stylos les plus prestigieuses. Mais Jeanine déplore une standardisation de la production, la disparition d’ouvriers spécialisés et avec la généralisation de la bille et du roller, le manque de finesse des plumes qui doivent résister aux appuis trop fort des utilisateurs. Toutefois, la créativité et le savoir-faire des fabricants produisent plus que jamais des stylos robustes et beaux comme des bijoux.
Bois nobles, métaux précieux, matériaux high-tech … Les Français Waterman, Parker ou S.T.Dupont, le Suisse Caran d’Ache, l’Italien Aurora, les Allemands Diplomate, Faber-Castell, Pelikan et Montblanc … rivalisent d’expérience et d’exigence.
On perd la tête parmi les éditions limitées Elvis (1900 pièces dans le monde) ou Jimi Hendrix de Montblanc, les exceptionnels instruments d’écriture japonais Namiki laqués selon un art ancestral, le stylo à plume rétractable Capless de Pilot et ses 24 encres iroshizuku rendant hommage à l’art de la calligraphie.
Jeanine Creutz veut ardemment conserver la mémoire du métier et forme dans son atelier Anne et Pascal à la réparation de vos stylos, y compris les plus anciens. Elle possède un stock de pièces de rechange dont certaines ont plus de 100 ans, beaucoup introuvables. Sa crainte : la perte d’un savoir-faire pour lequel il n’existe plus de formation, on apprend sur le tas comme elle l’a fait avec son grand-père et père.
Le Petit plus : la boutique possède un atelier de réparation pour entretenir ou réparer vos plumes ou stylos fétiches
Par Anne Emellina (texte et photos)