Classé Monument historique, ce magistral édifice religieux orthodoxe est l’un des plus importants et anciens situé en dehors de Russie. De longs travaux lui ont redonné toute sa splendeur. La visite de ce joyau dans le paysage niçois est un incontournable.
Largement inspirée de la cathédrale Saint-Basile du Kremlin, la cathédrale Saint-Nicolas dresse fièrement ses coupoles de majoliques vertes surmontés de croix d’or. Celle que l’on surnomme « l’Église russe », avec son architecture typique exceptionnelle en Europe occidentale, nous entraîne au pays des tsars sous les palmiers de la Côte d’Azur.
Une première église inaugurée rue Longchamp à Nice en 1859 s’est vite révélée trop petite pour la communauté russe grandissante. La famille impériale séjournait régulièrement sur la Riviera et en 1896, l’impératrice Marie Féodorovna veuve d’Alexandre III, accorda son haut patronage pour la construction d’une nouvelle église sur le site du parc Bermond.
Ce domaine avait été acquis par Alexandre II qui y fit ériger en 1865 une chapelle à la place de la villa qu’il habitait car c’est là, que son fils aîné, le tsarévitch Nicola décéda d’une méningite. C’est à proximité de cet oratoire que les travaux de la future cathédrale commencèrent en 1903.
La cathédrale Saint Nicolas fut inaugurée en 1912. Bijou de l’art orthodoxe russe, ses coupoles se détachent dans le ciel niçois et symbolisent l’importante présence russe dans la région.
Représentant le style vieux-russe, richesse et exubérance des décors contrastent avec la rigueur du plan. Construite en croix grecque, elle est surmontée de cinq coupoles et de leurs croix et de deux cônes portant les aigles bicéphales couronnés des tsars de Russie.
À l’extérieur, on prend son temps pour admirer l’assemblage des divers matériaux : marbre gris clair, pierre, briques rose, céramique de couleurs vives, tuiles vernies. Les plans furent confiés à l’architecte Mikhail Préobrajensky. Si beaucoup de maîtres d’œuvres se succédèrent, ils respectèrent ses consignes pour la façade et les ornements.
La cathédrale qui subissait fuites et fissures a été entièrement restaurée par la fédération de Russie, propriétaire de l’établissement. Après deux ans de fermeture, on peut à nouveau visiter ce véritable musée d’art.
En effet, Saint -Nicolas abrite un ensemble d’œuvres exceptionnelles par leur nombre et leur qualité : icônes, boiseries sculptées et peintes, fresques et une splendide iconostase.
Présente dans les églises orthodoxes, cette cloison élevée recouverte d’icônes sépare la nef du sanctuaire et renvoie à l’union entre le royaume divin et le royaume terrestre. Fabriquée en Russie, elle est en bois recouverte de bronze et de cuivre, en son centre trône la Vierge du Signe, une des icônes les plus vénérées et sur les soubassements et les voûtes, lys et guirlandes sont mêlés aux aigles impériaux. Ces frises et entrelacs inspirés de l’Art Nouveau apportent une modernité à la cathédrale estampillée « Patrimoine du XXe siècle ».
Le petit plus : Des bancs vous accueillent dans les jardins de la cathédrale pour une pause au milieu du silence. On peut y admirer la chapelle du Tsarévitch et s’amuser à regarder les nombreux lapins qui gambadent librement.
Par Anne Emellina (texte et photos)