Avec cette exposition, le photographe Mauro Restiffe remonte le temps et nous transporte dans la maison où vécu Jean Cocteau à Saint-Jean Cap Ferrat. Ses clichés dialoguent avec une sélection d’œuvres de l’artiste pour un voyage entre l'architecture, la mémoire et l'intime.
L’exposition à la Villa Sauber du Nouveau Musée National de Monaco est baptisée « Santo Sospir » du nom de la villa à St Jean Cap Ferrat où Cocteau s’installa de 1950 à 1962. Invité par Francine Weisweiller la propriétaire, l’artiste décora cette villa qui fut comme une toile sur laquelle s’exprimer et que l’on a appelle « la villa tatouée ». Il travailla sur des échelles, sans maquettes, pour peindre des fresques a tempera directement sur les murs pour non pas les habiller mais « dessiner sur leur peau » comme il le dit à l’époque. Il passa ensuite aux plafonds puis composa des mosaïques à l’entrée, une tapisserie en puisant aux sources de la mythologie grecque et « tatoua » même des meubles.
Cette exposition met en lumière la villa Santo Sospir trop peu connue du grand public et souhaite « montrer la façon dont la photographie peut réécrire les choses » explique Mauro Restiffe.
La villa, restée fermée 20 ans, a été vendue à un particulier. Avant fermeture pour des travaux de restauration, le photographe brésilien est invité à séjourner seul une semaine à Santo Sospir pour y produire une série de photos qui restitue un endroit « plein de vie et de traces historiques ». Il s’est concentré sur les détails de la maison et à des cadrages peu montrés de la villa. Les fresques sont en arrière-plan car il a voulu évoquer une atmosphère dans une approche intimiste caractéristique de tout son travail.
Dans une maison où l’art et omniprésent, Mauro Restiffe a pu la photographier sous tous les angles en se concentrant sur la thématique du rêve et du sommeil. L’accrochage et le parcours sont à l’image d’une rêverie assez libre.
Les images rendent hommage à la mémoire d’une époque, à ceux qui l’ont habité et leur absence est palpable. Mauro Restiffe a su capter l’esprit des lieux et toute la beauté du travail artistique de Cocteau. Et grâce aux techniques analogiques ses clichés exposés en grands formats sont comme « texturés » donnant un grain particulier qui n’existe pas dans la photo numérique : on ne sait plus parfois si ce sont des photos, des dessins hyperréalistes ou des tableaux.
Et comme un dialogue entre les deux artistes, les 41 photos de Restiffe discutent avec une sélection de dessins et un film amateur tourné par Jean Cocteau sur ses créations à Santo Sospir.
Petit plus : Vous trouverez à la Villa Sauber l’ouvrage Mauro Restiffe Santo Sospir paru en 2021 et réédité en 2023 par le NMNM.
Par Anne Emellina (photos NMNM)