140 ans après la 1ère escale de Claude Monet à Monaco et sur la Riviera, le Grimaldi Forum lui consacre une grande exposition. Monographique et non rétrospective, elle permet une nouvelle perspective de son œuvre et de sa production dans le midi. Au cœur du parcours, la lumière est avant tout sur cette période cruciale : il y a bien un avant et après Monet sur la Riviera.
Quel défi ! Malgré l’énorme dispersion géographique des toiles de Monet, une centaine d’œuvres venues du monde entier datées de 1870 à 1925 est rassemblée sur 2500 m2 pour l’exposition estivale attendue chaque année à Monaco. Rarement autant de chefs-d ’œuvres de Monet ont été présentés ensemble et parmi eux, 23 montrés pour la première fois en France. Réalisés sur la Riviera, ils sont réunis près des lieux où ils ont été peints. Le parcours va nous mener de sa jeunesse havraise à Giverny mais l’objectif a été de privilégier ses séjours dans le midi pour que l’on comprenne son évolution picturale.
Cette exposition inédite met en perspective et de manière chronologique la quête de lumière et de l’instant du peintre et propose une nouvelle lecture autour de la période Riviera. Entre 1883 et 1888, c’est la maturité et Monet se découvre peintre des séries.
À partir de 1880, il s’installe à Giverny et ne peint plus seulement la région parisienne et la Normandie. Il commence alors à voyager de région en région et son séjour à Monaco en 1883 est un point de départ, un changement : celui des « campagnes de peinture » et celui, cinq ans plus tard des « séries ». Il peindra le même sujet autant de fois que les changements atmosphériques l’imposent. Il va peu s’intéresser au sujet mais à l’instant, pas à ce qu’il représente mais à quel moment il le représente.
En ouverture de la visite, une salle entière est dédiée à ce nouvel angle sous lequel Monet voit les choses. Dans les salles 2 et 4, De Trouville à Vétheuil, peindre la lumière du Nord et Monet et la Riviera, on apprend à comprendre son objectif : peindre un effet (dans la salle 3, un dispositif permet à l’aide d’une table interactive et d’une projection de découvrir les lieux où Monet s’est rendu dans la région).
Monet, chasseur de motifs : 23 tableaux peints à Monaco, Bordighera, Sasso, Dolceacqua, Cap Martin et Antibes nous montrent comment il multiplie les points de vue, n’hésite plus à « faire des toiles par tous les temps ».
En 1888, le peintre séjourne à Antibes et un changement important survient, il multiplie les versions et plus seulement deux effets à un même motif : c’est le début des séries. C’est sa dernière pause sur la Riviera puis il s’installe à Giverny où il conçoit son jardin avec passion, quinze années pour y bâtir également le fameux bassin aux nymphéas. Puis un jour, il observe le miroir de l’eau et renonce aux visions panoramiques.
Dans la phase ultime de son œuvre, Monet exclut la ligne d’horizon, il est le peintre de l’espace et de la lumière et il nomme désormais ses peintures « paysages d’eau ».
Dans la salle 5 Le jardin de Giverny trois chefs-d’œuvre montrent encore une approche assez traditionnelle avec des jeunes filles en Canot sur l’Epte puis il renouvelle encore et encore sa vision du jardin et des paysages d’eau dans les salles 6 et 7, vastes espaces où de nombreux bancs permettent de s’asseoir et de contempler à loisir 38 tableaux de Nymphéas et autres fleurs.
Dans la salle 7b Entre guerre et paix, les Grandes Décorations, un dispositif immersif associant deux panneaux monumentaux de nymphéas et documents d’époque – film, photos et audio – présente le contexte de création au temps de la 1ère guerre mondiale.
Le petit plus : Pour ne pas faire la queue, réservations sur www.montecarloticket.com/ ticket@grimaldiforum.com
Par Anne Emellina (texte et photos)