A deux pas de la gare du sud, la Villa Caméline fut rebaptisée « la Maison abandonnée » il y a bientôt 20 ans. Conservée dans son jus, elle accueille des artistes de tous horizons. Seule règle ? Composer avec son architecture séculaire. Du cachet mais pas d’étiquette !
Bâtie en 1920 rue Monplaisir, au flanc nord de Cimiez, par un riche pâtissier niçois, la demeure de maître est sortie de sa léthargie et d’une période de squat en 2001 lorsque Hélène Fincker et son mari, ont décidé de l’acquérir. Depuis Hélène, attaché de presse en charge entre autres des Musées Nationaux de la Côte d’Azur, a fait le choix de la restaurer avec modération pour ne pas entacher son cachet originel. Ses heureux propriétaires n’y habitent pas ils résident dans une villa mitoyenne « Pour nous, elle restera toujours un rêve d’enfant, la cabane au fond du jardin ! » Une cabane bourgeoise avec ses 300 m2 sur trois étages, sa façade d’opérette « meringuée » et son jardin sauvageon planté d’orangers, figuiers et aloès
Fort de ses 4 ou 5 expos annuelles, la maison abandonnée ne l’est pas pour tous ! Elle est devenue un lieu alternatif très prisé de tous (collectionneurs, amateurs éclairés, « Arsonniens » curieux) qui invite dans ses murs (ici pas de cimaises), la jeune création locale comme des plasticiens confirmés venus d’ailleurs.
Depuis son inauguration avec les artistes de la Station, chaque année, outre les expositions classiques, un accrochage collectif s’y déroule sur le thème du cabinet. Il fut successivement érotique, névrotique, démocratique, utopique, atomique l’an dernier ! L’occasion de confronter les travaux d’une trentaine de créateurs, toutes pratiques confondus car même écrivains, architectes ou scientifiques sont conviés à y rajouter leur touche poétique »
Hélène s’implique aussi au sein du réseau associatif BOTOX(S) dont elle fut la présidente. Alors les projets fourmillent autour de ce lieu d’art iconoclaste, qui catalyse une effervescence créative à nulle autre pareille à Nice. « Elle s’impose à tous, chacun s’y nourrissant de son imaginaire, même les artistes invités sont amenés à composer avec elle ! Alors à quoi bon la restaurer ? » Il est vrai que la Maison abandonnée distille un charme singulier et un parfum de liberté, qui lui, n’est pas prêt de vous abandonner !
Par Olivier Marro