Dans son écrin blanc au milieu des oliviers, la Fondation Hartung-Bergman est enfin ouverte au grand public. Ancienne villa-atelier des deux artistes, elle permet le rayonnement de leurs œuvres grâce à des expositions temporaires et offre un programme d’études sur l’art avec un centre de recherche.
Après deux ans de travaux, l’ouverture au grand public de la Fondation Hartung-Bergman le 7 mai 2022 a été un évenement. Créée en 1994 et répondant à un vœu exprimé du vivant des deux artistes, cette dernière n’a longtemps été accessible qu’aux chercheurs et à quelques invités. Pour la première fois, leur villa-atelier se visite pour offrir une large vision sur l’œuvre de ce couple.
Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont acheté cette oliveraie centenaire en 1961. Sur des plans conçus par Hans, ils y bâtirent un lieu de vie et des ateliers pour y travailler chacun selon leurs besoins.
Depuis, un bâtiment d’accueil a été ajouté, le parc d’oliviers réaménagé, des galeries d’expositions, des terrasses et une salle de projection ont été créées. Seul l’atelier d’Hartung qui a été conservé intact. Cet ensemble architectural à la forme minimalisme est inscrit au patrimoine du 20e siècle et offre une merveilleuse immersion dans la nature méditerranéenne et dans l’art contemporain. « Cette Fondation est une maison-utopie et une maison-mémoire qu’est invité à visiter le monde entier. » (Thomas Schlesser, directeur de la fondation).
Pour honorer cette mémoire, la Fondation a pour mission de conserver les objets accumulés par les deux artistes (collection d’ours en peluche, statuettes inuites, mobilier design des années 6O, livres dédicacés …), leur fonds d’œuvres (toiles, œuvres sur papier, estampes, photos…) et un fonds d’archives relatives à leurs œuvres (articles de presse, correspondance, notes, revues d’art, films, plans d’architecture …).
Conserver mais aussi présenter efficacement les productions artistiques du couple en prévoyant chaque année une exposition temporaire.
Ainsi, le 11 mai 2022 a débuté l’exposition Les archives de la création qui constitue une plongée dans les secrets de leur production avec des œuvres emblématiques. Hartung, présenté comme porte-drapeau de « L’Ecole de Paris » fut un des précurseurs de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction. Il plaçait l’expérimentation au cœur de son travail et c’est avec un aspirateur qu’il soufflait l’air et la peinture sur ses tableaux ou avec un pulvérisateur à vigne, incisait la matière à coups de brosse à étriller ou la giflait avec des branches de genêt. Fou de dessin, il passa aux immenses formats dans son parcours et s’adonna aussi à la sculpture et à la photo.
« La vocation première de cette ouverture est de faire rayonner les œuvres des deux artistes, tout particulièrement celle de Bergman, trop mal connue. » (Thomas Schlesser)
Quant à Anna-Eva Bergman, elle évolua également vers l’abstrait avec des questionnements spirituels. Cette ligne d’horizon que l’on retrouve dans beaucoup de toiles est une frontière entre nous et l’inconnu, l’au-delà. Inspirés par la nature, ses thèmes (la mer, le feu, la pierre, les astres) se déclinent notamment grâce à la technique de la feuille de métal.
La Fondation a été aussi pensé comme un centre de recherche avec des programmes sur deux ans sur le 20e siècle (Science et abstraction pour 2022-23). A l’instar de la Villa Médicis à Rome ou le Getty à Los Angeles, bibliothèque, fonds d’archives, salle audiovisuelle pour les séminaires et logement en chambres sont prévus dans un cadre idyllique sous le soleil d’Antibes.
Petit plus : Pour une petite restauration sur place, la Fondation propose un kiosque baptisé « Chez Marcelle » avec aux commandes celle qui fut la cuisinière du couple. Elle y servira des pissaladières entre autres spécialités de la région.
Par Anne Emellina (texte et photos)