Si le MIP retrace l’histoire du parfum sur plusieurs milliers d’années à travers le monde, son ambition est aussi de présenter l’aventure grassoise qui a transformé la ville en berceau de la parfumerie. Pour un voyage sensoriel entre mémoire, techniques et luxe.
Entrez dans les secrets de la parfumerie et de la cosmétique dans ce musée fondé en 1989 mais rénové et agrandi depuis 2008. Il s’est déployé sur 3500 m2 en annexant des bâtiments historiques mitoyens autour d’une grande nef transparente dans un projet qui s’articule autour d’un rempart du XIVe siècle.
Le MIP s’est enrichi de nouvelles collections de quelques 50.000 objets et propose un parcours ludique et sensoriel organisé sur sept niveaux. Labellisé musée de France, il accueille des dépôts d’autres musées dont Le Louvre, celui du Quai Branly ou encore le Château de Versailles.
« Le MIP constitue la première collection publique au monde consacrée à l’univers du parfum, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, sur les cinq continents » (Marie-Christine Grasse conservateur des Musées de la Cité des Parfums).
Reconnu comme la vitrine internationale, patrimoniale et culturelle de la parfumerie le musée, avec notamment ses expositions temporaires, continue à faire de Grasse la capitale du parfum malgré la quasi-disparition des champs de fleurs et le démantèlement de parfumeurs « fleurons ».
Le parcours commence avec la découverte des différentes étapes à la création d’un parfum. On apprend tout de la cueillette des fleurs à la conception du flacon et une serre permet de découvrir les huiles essentielles extraites de fleurs, de feuilles, de bois ou de racines. On continue avec les salles dédiées à l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge. En Egypte, les premiers parfumeurs élaboraient des préparations pour les rites religieux, les grecs les ont utilisées dans leur culte du corps et les romains grâce au verre soufflé les firent conserver et voyager. Au Moyen-Âge, les plantes odorantes étaient réservées à la pharmacopée, aux élixirs et aux poisons.
Du sacré au profane … de la religion à la séduction … Tous les objets liés au parfum et au maquillage sont présentés au visiteur : arômes, effluves mais aussi crèmes, onguents et fards présentés dans des contenants aussi beaux que des bijoux.
Les croisades et la découverte de nouveaux continents apportent de nouvelles matières premières et la distillation se perfectionne. De la Renaissance au 18e siècle, les parfums servent à masquer les mauvaises odeurs dues au manque d’hygiène puis peu à peu, deviennent des artifices de coquetterie. C’est fin 18e que les grandes lignées de parfumeurs apparaissent.
Grasse va s’affirmer dans la production et le commerce de matières olfactives grâce à la culture de la rose, du jasmin et de la tubéreuse dès 1650. Les gantiers-parfumeurs grassois sont célébrissimes grâce à la mode des gants parfumés. Puis, c’est tout un savoir-faire exceptionnel inscrit depuis 2018 au Patrimoine Immatériel de l’humanité qui va se développer, faisant de la ville la capitale du parfum.
Un air parfumé flotte sur la ville… Avec l’industrialisation, la parfumerie se démocratise et Grasse vit au rythme de sa production. Les champs de plantes à parfum, les fabriques familiales et les usines se multiplient au 19°siècle.
Le parcours se termine de 1900 à nos jours. Sur les présentoirs de la dernière salle, voici les merveilleux flacons des senteurs de la Belle Epoque et les fragrances modernes au nom de joaillers ou de maroquiniers. Au début du 20e, les maisons de couture comme Chanel, Lanvin ou Patou confient la création de leurs parfums aux professionnels grassois.
Les maîtres verriers sont sollicités pour confectionner des « robes » les plus désirables possible à ces jus prestigieux. Puis, la parfumerie va passer de l’exceptionnel à l’usuel, les stratégies commerciales s’adressent à toutes les classes sociales, les prix baissent et ce sont désormais 450 parfums proposés aux consommateurs avides de nouveautés.
Petit plus : Un samedi par mois, le MIP propose un atelier initiation à la création d’un parfum autour de 4 grands thèmes : les agrumes en parfumerie, la fleur dans tous ses états, la note boisée, parfum de gourmandise.
Par Anne Emellina (texte et photos)