Pour Julie Guittard la fleur est une passion et un artisanat qui convoque la couleur mais aussi les formes et les matières. Créatrice florale elle privilégie l’esprit jardin et l’élégance au naturel.
(Photo de couverture par Ingrid Lepan photographe)
Dés le seuil franchit, la note est donnée. Nous voilà au cœur d’un jardin secret, celui de Julie Guittard ! Ici à deux pas de la promenade des Anglais, il en est des fleurs comme des livres. Dis-moi ce que tu lis, je te dirais qui tu es ! Julie n’est pas fleuriste par défaut mais par passion. Et sa boutique lui ressemble. L’on y entre comme dans un tableau impressionniste, fauviste ou pointilliste. A l’heure automnale les bruns, le pourpre, le violet, le vert sapin et les jaunes d’or réchauffent l’atmosphère comme une bonne flambée dans l’âtre.
Une palette de couleurs qui évolue au fil des saisons et des arrivages quotidiens car Julie pour avoir la primeur de la fraicheur travaille en circuit court avec les producteurs azuréens ou transalpins (notamment pour l’anémone et la renoncule). Seules exceptions, des variétés qui ne poussent pas chez nous et venues de Hollande : l’amaryllis, ou les hortensias (une fleur qu’elle chérît particulièrement) mais aussi quelques folies exotiques qu’elle aime inviter dans ces compositions tel en ce moment le Protea King, emblème de l’Afrique du Sud. Un étonnant gros chardon couronné de pétales veloutés rouges flamboyants.
Fleurs rares, essences et végétaux atypiques, vases et objets déco chinés font partie d’une mise en scène où tout est graphique. Formes et matières s’harmonisent avec tant de sensualité que l’on croirait cette nature romantique échappée de la toile d’un Maitre à l’image de ces scabieuses noires d’encre ou de ces surannés œillets niçois, ivoires et vieux rose « Des fleurs de jardins », explique cette fille de fermier Picard et d’une professeure d’art plastique avant de rajouter : « On a tous des maitres. J’ai appris le travail de la matière en œuvrant chez Eric Chauvin ». La Star incontournable de l’Art Floral, au prestigieux carnet d’adresse, l’embauche comme assistante dans sa boutique du 7ème à Paris. Six mois après elle est responsable de sa nouvelle enseigne de Neuilly et de l’événementiel. « Je passais le plus clair de mon temps à travailler. Dés l’aube à Rungis jusqu’à la fermeture de la boutique et sur des événements chaque année plus ambitieux. J’ai ainsi pu collaborer à l’essor de sa notoriété et de son entreprise » Un apprentissage très formateur pour Julie qui avait fait ses premiers pas dans la profession grâce à une autre talentueuse professionnelle de la capitale « Excellente coloriste, Céline Dussaule m’avait initié au mariage des couleurs, à la mise en scène des vitrines, avant de me confier la barre de son échoppe et la gestion d’événements professionnels ».
Des expériences qu’elle a mises a profit en ouvrant en 2011 sa propre boutique dés son arrivée à Nice. La fleuriste s’est constituée depuis une clientèle exigeante, « très nature » qui lui ressemble mais aussi une solide réputation auprès de grandes marques de luxe qui lui confient la création florale de leur galas : « Nous sommes les partenaires d’Hermès Nice depuis l’ouverture. Je viens de réaliser un évènement pour Dior, j’en prépare un autre pour Chanel » Julie travaille aussi pour des décorateurs tel que Marie Robinson, Bel Oeil où J-Bonet. A la belle saison ce sont les mariages qui occupent son agenda. En phase avec l’esprit de sa boutique atelier elle s’investie également dans la création de petits jardins urbains pour vos balcons ou cours intérieures.
Julie utilise les fleurs comme un peintre son pinceau, un sculpteur son burin. Le végétal est la matière première de son expression. Et si elle créé en boutique au fil des désirs de chacun, elle concocte aussi des compositions ornementales pour vos fêtes. En ce moment vous y trouverez outre l’emblématique Sapin Nordmann sur buche, d’exquis minis sapins nobilis (reconstitués à partir de ramages) ou les premières roses de Noël (Hellébore). Ilex, Houx et boules de Guy sont aussi de sortis. Des classiques du général Hiver que l’on retrouve dans de superbes couronnes à suspendre composées de fleurs sèches, de pommes de pins, de plumets de roseau, de feuillages stabilisés (pour une vie plus longue). Une couronne en bois de cade (genévrier) distille sur le mur de pierres son enivrant parfum d’altitude. Et comme la fleur est ici l’un des beaux-arts, il n’est pas rare que ce jardin suspendu de la rue Dalpozzo, accueille également des expositions de céramistes ou de créatrice de mode et s’ouvre parfois aux artisans de bouche.
OM