Quoi ? : Marché de produits frais
Où ? : 5 Quai de Monléon 06500 Menton
Quand ? : Tous les jours de 8 à 13.00
Combien ? : Socca 2.50 € / Barbajuan 1.50 € / Plateau charcuterie 10-50 € / Citrons 5 € kg
Transport ? : Bus ligne 100, parking des Sablettes
Des Questions ? : 04 92 10 50 00
Un lien ? : Cliquez-ici

Entre le Bastion et la rue piétonne, cette superbe halle marchande à l’architecture Belle Epoque typique de la Riviera est un bijou. Poumon de la ville où chaque jour la vie bat son plein entre les étals colorés et alléchants qui attirent locaux et touristes, le marché fleure bon le basilic, la socca et le citron du païs mentounasc.

Fiers de leur patrimoine qu’ils ont ardemment soutenu lors de l’élection du plus beau marché de France (7ème place en 2019), les mentonnais connaissent l’histoire de l’imposante bâtisse des Halles municipales.  Le pittoresque marché en plein air du début du XIX° siècle faisait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part des chics hivernants qui ne supportaient pas la vue des volailles et des légumes sur leur passage. Il est vrai aussi que l’ardent soleil du Sud pouvait gâter les produits et que les marchands subissaient en hiver les intempéries. Emile Biovès, maire de Menton, ouvre alors un appel à projets en 1897 pour la construction d’une halle couverte sur un terrain qu’il a fallu aménager, l’esplanade où se trouve le musée Cocteau n’existant pas. C’est le jeune architecte mentonnais Adrien Rey qui fut sélectionné : sous les combles du bâtiment de 338 m2, de longues charpentes métalliques soutiennent des avancées de toiture et les façades percées de portiques sont ornées de briques rouges et de céramiques de la manufacture Saissi dont les pièces artistiques se retrouvent sur le clocher de l’église russe à Nice ou encore à l’Hermitage, au Métropole et au Casino à Monaco. Un petit campanile doté d’une horloge et portant la date de construction couronne l’entrée principale.

Aux couleurs toujours éclatantes, bordée de palmiers, la halle ne peut que charmer le chaland.  Une trentaine de commerçants sont installés à l’intérieur et à l’extérieur selon les périodes. Pour les viandes, la charcuterie et les fromages, les deux grands stands Caverivière se remarquent tout de suite Cette affaire familiale depuis deux générations possède La Ferme Caverivière fromager-traiteur-charcutier et la Boucherie Caverivère réputée notamment pour son bar à tartares (classique, italien, thaï) installé devant la halle, son veau de Castérino et son porc de Bigore issus d’élevages naturels et raisonnés.

Faire le marché, c’est faire le plein de vitamines et de fraîcheur et les experts attendent, impatients, les petits producteurs qui descendent de leurs collines, fidèles au poste depuis des années. Leurs étals moins chargés se reconnaissent car ils ne vendent que du produit de saison : une botte de blettes, des courgettes trompette, des tomates encore terreuses, des cébettes croquantes …. Et des citrons bien sûr ! Et c’est ainsi que l’on rencontre des personnages aussi sympathiques qu’attachants !

Parmi les figures locales, Jean-Mario Médecin, 85 ans, est connu pour sa bonne humeur, sa grosse moustache argentée et ses agrumes.

D’une famille de pêcheurs, il a préféré la terre et vend aux halles citrons, oranges, cédrats et kumquats de son jardin depuis 1972. Et le « roi du citron » ne se fera pas prier pour raconter des anecdotes croustillantes sur ce marché dont il est un des dernier représentant de la vieille génération.

Il est temps de parler des spécialités locales ! « Alors, vous me mettez une part de pichade, deux barbajuans et une part de socca bien poivrée ! » Chez Maison Boeri, tout est maison depuis 1976, des raviolis au pistou aux beignets de fleurs de courgettes en passant par la tourte aux artichauts. Mais on ne peut évoquer les recettes locales et régionales sans parler de Chez Mimi où la queue se forme jusqu’à la fermeture.

Tout le monde connaissait Mimi Caperan : physique imposant, amateur de bons mots, il faisait le spectacle en chantant du Sardou derrière son stand que ses parents possédait depuis 1950.

Disparu depuis quelques années, il a laissé un grand vide mais son épouse Silvia continue à préparer fougasses et autres pissaladières dès 3h du matin et à tenir les rênes de la boutique.

Aux Halles de Menton, on trouve aussi des fleurs et des plantes comme chez Cricri Fleurs qui ne veut vendre que des produits français, des confitures d’agrumes, des olives ou du miel de lavande, de châtaignier ou de montagne des abeilles transhumantes des Ruchers de Castellar. Et le poisson me direz-vous ? Pas de vrai marché sans un étal de poissonnier qui connaît le métier et cela tombe bien, on a sous la main un autre personnage qui fait son show.

Marseillais d’origine mais mentonnais de cœur, Mauro Raimondi accompagnait son père surnommé l’Anguille dans ses tournées de poissonnier ambulant.

Il a repris la poissonnerie La Marina depuis peu et sait charmer la clientèle avec son accent chantant, son tutoiement facile et son grand sourire. Turbots, loups, poulpes de roche, espadons et homards disparaissent rapidement de son comptoir, il faut faire vite ! Acheteurs ou simplement flâneurs, une visite du marché de Menton aux senteurs et aux couleurs de la Provence s’impose.

 Le Petit Plus : Le samedi matin, une vingtaine de forains s’installe autour des Halles et propose vêtements, bijoux et objets d’artisanat divers. Passez donc voir Gabriel Demea qui possède le plus gros stand du marché depuis 1985 : sa spécialité, des vêtements dernier cri à prix imbattables que l’on s’arrache dans les bacs en vrac.

Par Anne Emellina