Quoi ? : Chapelle et espace muséal
Où ? : 446 avenue Henri Matisse 06140 Vence
Quand ? : Mardi > Samedi de 10.00 à 11.30 et de 14.00 à 16.30 (en été 17.30), en après-midi uniquement mercredi et samedi
Combien ? : 7 € / 6 € tarif réduit groupes et étudiants / Gratuité enfant moins de 12 ans
Transport ? : Autoroute sortie Cagnes/mer, parking Marie-Antoinette
Des Questions ? : 04 93 58 03 26
Un lien ? : Cliquez-ici

Selon les dires d’Henri Matisse, la Chapelle du Rosaire de Vence est son chef-d’œuvre. Entièrement conçue et décorée pour le couvent des Dominicains, cet édifice discret recèle des trésors que nous vous invitons à découvrir. Parmi les dernières productions de l’artiste, elle est son testament artistique.

 

Nichée à flanc de colline au-dessus de Vence, on admire la simplicité de son architecture au toit de tuiles bleues et blanches surmontée d’une croix de 13 mètres ornée de croissants de lune et de flammes dorées. Juste à côté, se trouve le couvent des sœurs dominicaines et les jardins offrent une vue magnifique.

Quelques années avant sa mort, Matisse conçut ce monument dans sa totalité : les maquettes, la décoration faite de vitraux et de céramiques, le crucifix sculpté, les objets de culte.

« Cette œuvre m’a demandé quatre années d’un travail exclusif et assidu. Je la considère, malgré toutes ses imperfections, comme un chef-d’œuvre. ».

En 1941, Matisse qui se remettait d’une lourde opération, se fit soigner par une infirmière qui fut son modèle et sa confidente. En 1943, il s’installa à Vence et revu cette dernière qui avait pris le voile et était entrée au couvent de la ville. Devenue Sœur Jacques-Marie, elle lui demanda en 1947 de concevoir une chapelle dédiée aux dévotions des religieuses. Le frère Rayssiguier, passionné d’art moderne et persuadé qu’il pourrait contribuer au renouvellement de l’art sacré, lui proposa des plans qu’il établit en une nuit et finit par convaincre l’artiste réticent.

En collaboration avec les architectes Auguste Perret et L. Milon de Peillon pour la réalisation technique et le maître verrier Paul Bony, Matisse pu atteindre selon ses mots « un art de pureté, d’équilibre et de tranquillité ». De retour au Regina à Nice en 1949, il transforma, malgré sa santé fragile, son appartement en atelier où il disposa ses maquettes, la plupart en format réel.

« Cette chapelle est pour moi l’aboutissement de toute une vie de travail et la floraison d’un effort énorme, sincère et difficile. ».

L’artiste a voulu donner une impression illimitée d’espace et l’architecture, la scénographie des éléments et le traitement de la lumière concourent à cet effet. Côté sud et ouest, des ouvertures hautes et étroites laissent passer la lumière pour illuminer les vitraux aux motifs végétaux et de trois couleurs : bleu pour le ciel et la mer, vert pour la nature et jaune pour le soleil et la lumière divine. Aux lignes et formes épurées, tels des rideaux suspendus, ils sont éclatants de couleur et transparents (les motifs jaunes exceptés car on ne voit pas à travers Dieu).  À l’entrée, se trouve un vitrail avec un poisson derrière une sorte de grillage et une étoile. Le poisson, signe de reconnaissance entre les premiers chrétiens persécutés par les romains, représente aussi le chrétien pris dans les filets de la tentation mais guidé par le ciel.

L’espace intérieur est en forme de croix, les murs, les plafonds et le sol sont blancs pour un effet de contraste avec les vitraux colorés. Blancs également les carreaux de faïence (idée de Picasso pour refléter davantage la lumière) des trois fresques où sont simplement dessinés au trait noir le Saint Dominique, la Vierge et l’Enfant et le Chemin de Croix : l’épurement souhaité par Matisse évoque aussi le dénuement de la vie monastique.

Beaucoup d’objets cultuels dessinés et prévus ont finalement été abandonnés. Seuls les bancs et l’autel en pierre du Gard sur lequel reposent un crucifix et des bougeoirs ont été conservés. La porte du confessionnal est en bois ajouré avec des motifs graphiques en référence aux moucharabiehs. Les bénitiers sont de simples coupes encastrées dans le mur entourés d’ornement bleus en relief. Pour son œuvre totale, Matisse conçut également six chasubles d’officiants sur la base d’études en gouaches découpées.

Inaugurée en 1951, cette chapelle très moderne pour son temps ne fit pas l’unanimité. L’artiste dira souvent qu’il l’a réalisée pour les générations futures et que son message serait compris plus tard.

Matisse a réussi son pari : la modestie de la Chapelle, sa limpidité, sa simplicité émeuvent et portent à la méditation.

A découvrir également sur deux étages l’espace muséal qui présente les chasubles et  l’ensemble des œuvres préparatoires d’Henri Matisse : dessins, gravures, maquettes, photos, textes.

Le petit plus : Concerts, expositions temporaires autour de l’œuvre de Matisse et conférences, spirituelles ou culturelles, sont régulièrement organisés dans la chapelle et l’espace muséal.

 

Par Anne Emellina 

Photos publiées avec l’aimable autorisation de la Chapelle du Rosaire / Succession H. Matisse. (Reproduction interdite)