La légende veut que Cimiez tienne son nom de la hauteur spectaculaire des oliviers qui peuplaient la colline et dont les cimes touchaient le ciel. Aujourd’hui, ce quartier de Nice est le symbole d’une belle époque luxueuse et cosmopolite qui fait les beaux jours de la Riviera.
Avoir les yeux grands ouverts à Cimiez est une nécessité, tant la beauté de chaque ruelle vous saisit. Ici, le temps s’est arrêté. Le long des parcs et jardins privés, les villas Belle époque resplendissent, les oiseaux chantent et les allées d’orangers et de citronniers insufflent un air de vacances aux rues embourgeoisées : avenue George V, montée de l’Hermitage, corniche Sainte Rosalie, avenue Emile Bieckert… Autant de noms qui font référence à des artistes, architectes, médecins et même brasseurs (Mr Bieckert était un maître brasseur alsacien à l’origine du quartier de Carabacel, du Palais Langham mais aussi de l’ancien hôtel Hermitage).
Mais c’est en bas de la colline, boulevard Cimiez, que notre promenade démarre. Balade rapidement stoppée, puisqu’au numéro 24, trône la grandiose Villa Paradiso, là, devant nos yeux. Cette imposante demeure, implantée sur un vaste terrain et construite en 1885 par l’architecte Lucien Barbet (pour le compte du riche homme d’affaires Adolf Sicard), est sans nul doute l’un des joyaux du quartier. Outre son architecture exceptionnelle, cet édifice a joué un rôle important dans l’histoire : il fut le lieu de séjour des Prix de Rome durant la seconde guerre mondiale, en remplacement de la Villa Médicis à Rome. Un monument d’exception désormais protégé.
Plus haut sur le boulevard, au numéro 82 nous attend le splendide « Winter Palace ». Un brin plus sobre que sa consœur, ce Palais d’hiver n’en est pas moins impressionnant.
Construit en 1900 par l’architecte Niçois Charles Dalmas, cet hôtel de standing a vu passer sous ses arches de nombreuses familles couronnées.
Mais à l’instar de nombreux autres établissements niçois, il a été transformé en appartements privés durant la Seconde Guerre mondiale. Quant aux superbes façades de style Belle Époque, elles furent restaurées vers 2010 sous la direction de l’architecte Gilles Gauvain.
Continuons ensuite notre marche vers l’hôtel Regina. Aucun bâtiment n’égale le prestige de cet ancien hôtel, bâti pour la Reine Victoria d’Angleterre et toute sa cour en 1897. Archétype de la magnificence méditerranéenne, l’édifice est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992.
Il faut néanmoins s’approcher plus près de ce paquebot majestueux pour en apprécier toute sa grandeur.
Avec ses 5 étages, ses 6260 m2 de surface, son parc de plus de 8000 m2, son hall spectaculaire, l’hôtel fait partie de ces rares édifices à vous laisser bouche bée.
Après un passé plutôt tumultueux (il a été réquisitionné pendant la première guerre mondiale pour en faire un un hôpital militaire), il a été transformé en appartements privés dans les années 30 et séduit aujourd’hui une clientèle avertie, à la recherche de grands espaces, de luxe et d’histoire.
À quelques mètres de l’hôtel, s’étendent les arènes de Cimiez, terrain de jeu idéal des petits et plus grands pour flâner et se détendre à l’ombre des oliviers centenaires. Le lieu de la pause déjeuner est tout trouvé (le pique-nique sur l’herbe est autorisé).
Mais l’attrait majeur de ce parc se concentre autour de l’amphithéâtre romain, construit au I er et IIe siècles, et pouvant accueillir jusqu’à cinq mille spectateurs. Les vestiges constituent l’actuel site archéologique.
De l’autre côté, le jardin du Monastère et sa magnifique roseraie, où des roses multicolores parfumées s’ouvrent à l’arrivée des beaux jours, valent aussi le coup d’oeil.
À l’entrée du jardin, deux musées vous accueillent les bras grands ouverts : celui de Cimiez, renfermant de nombreux trésors archéologiques, et celui de Matisse, qui abrite une collection permanente d’oeuvres (68 peintures et gouaches découpées, 236 dessins, 218 gravures, 57 sculptures…) et de nombreuses informations inédites sur le peintre (notamment ses avancées et ses recherches dans le domaine de la couleur et du graphisme).
Une journée historiquement bien remplie, mais pas finie ! En redescendant l’avenue des arènes de Cimiez, les riches villas au style Belle époque méritent un arrêt. Quelle est l’histoire de ces maisons ? Qui sont les heureux propriétaires qui se cachent derrière les haies de roses parfumées ? Nous ne le saurons pas, mais cette fin de promenade est peut être la meilleure partie de la journée : une pause imaginaire qui nous emmène vers le faste d’un passé doré…
Par Louise Ballongue