Ne ratez pas lors d’une visite à Nice la balade au port où vous découvrirez les pointus qui font partie du patrimoine maritime. Fierté niçoise, ces bateaux aux couleurs éclatantes sont entretenus avec passion pour que continue à vivre la tradition.
Napoléon, Ninou, La Ratapignata, Degun, Fiston ou M’en Bati … voici quelques-uns des noms des 82 pointus qui, foi de niçois, ne sont pas des bateaux comme les autres. Le pointu est ancien, en bois et unique, il n’y en a pas deux pareils. Chacun a une âme vous diraient leurs propriétaires.
Ils font partie des bateaux de pêche que l’on trouvait depuis l’Antiquité sur tout le pourtour méditerranéen : dans cette grande famille, on compte la barquette marseillaise, la sétoise, la bette de Martigues, le tarquier de Saint-Raphaël et bien d’autres …
Le nom pointu aurait été donné au début du 19e siècle par des marins bretons, amusés devant leur poupe aussi longue que leur proue. Longs de 6 à 8 mètres, ils peuvent avec leurs deux pointes affronter le mauvais temps, se faufiler entre les vagues pour rentrer à bon port avec leur cargaison de poissons.
Les pointus fabriqués autrefois par des maîtres charpentiers de marine étaient des embarcations exceptionnelles faites de bois nobles comme le chêne, le mûrier, l’ormeau … Bien trop onéreuse, cette fabrication artisanale n’existe plus.
Les pointus sont regroupés depuis 1937 tout le long du quai Entrecasteaux, même les plus vieux sont équipés d’un moteur mais aujourd’hui seulement trois sont utilisés par des pêcheurs professionnels. Les autres appartiennent à des passionnés qui les entretiennent avec grand soin : charpente, mécanique et peinture au programme pour que de ce côté du port, niçois et touristes admirent la beauté de ces barques.
Sur la traditionnelle « Resquilhada », mot niçois qui désigne le plan incliné sur lequel on met les bateaux à l’eau, les pointus sont bichonnés par leurs propriétaires pour les rendre comme neufs. Les plus récents ont plus de 40 ans et tous sont rares à l’achat. En 2021, le Moby-Dick a fêté ses 100 ans. Olympe Pélégrino le capitaine a acheté une épave et en a fait une merveille admirée de tous.
Pour les conseils sur l’entretien, les règles de conduite, l’amarrage … et surtout pour faire partie d’une grande famille, quasiment tous les détenteurs de pointus sont membres de l’Association La Mouette fondée en 1928. Elle œuvre pour la conservation du patrimoine maritime et la sauvegarde des traditions. Des festivités sont organisées tout au long de l’année et la bonne humeur est telle que même la sortie ou la remise à l’eau d’un bateau s’accompagne toujours d’un moment spécial, le folklore de la cage de halage auquel on peut assister en passant sur le port.
Pour renouer avec la tradition, le Département des Alpes-Maritimes a remis en service une traversée gratuite du bassin Lympia entre les quais Est et Ouest. Pendant la saison estivale (de mai à septembre), on peut tous les jours de 10.00 à 19.00 embarquer sur le pointu Lou Passagin qui fonctionne à propulsion électrique. Avec ses panneaux solaires, il se recharge et vogue silencieusement pour une petite balade 100% écolo.
Petit plus : L’Association La Mouette participe aux Journées du Patrimoine en septembre. On peut ainsi écouter l’histoire des pointus, assister à des cours d’entretien des bateaux et faire des promenades sur ces barques historiques.
Par Anne Emellina