La fondation Henri Cartier-Bresson célèbre les 60 ans de travaux photographiques de Raymond Depardon autour de l’exposition « Traverser ». Une rétrospective qui s’est déroulée à Paris du 13 septembre au 24 décembre 2017 et que les niçois peuvent découvrir à L'Espace Lympia au Port de Nice du 7 avril au 16 septembre 2018.
Autour, d’une centaine de tirages, textes, film et documents de l’auteur, c’est toute la thématique de ce photographe réputé entre autres pour ces paysage entre documentaire et narration qui est donné à voir autour de quatre axes : « La terre natale » en dialogue avec « Le voyage » puis « La douleur » en dialogue avec « L’enfermement ». Avec l’écriture comme fil d’Ariane, c’est une traversée de l’œuvre de l’artiste depuis ses premiers pas à la ferme du Garet jusqu’à aujourd’hui.
Écrivain, photographe et réalisateur, Depardon semble sans limites. Il a arpenté tant de lieux, pris tant de chemins de ses premières images à Villefranche-sur-Saône qui l’a vu grandir aux planques de célébrités, du reportage pour la presse au documentaire d’auteur. Les champs du possible restent ouverts comme ses clichés où les perspectives de fuite, le regard subtilement détaché insuffle l’absence même dans ses sujets les plus réalistes.
Chez Depardon, l’écriture domine elle donne son propre rythme face à ce qui se présente, les fameuses « absences » du photographe ou le silence du cadreur. Et le texte prend le relais depuis ses Correspondance new-yorkaise ou comme au cinéma quand l’image ne suffit pas parce qu’elle est trop forte. Produire des images en apparence banales, du quotidien, sans éloquence marquée, et pourtant lourdes de sentiments, voilà l’enjeu et ce qui conduira l’observateur dans l’errance volontaire avec toujours la détermination de créer une sorte d’archive à transmettre.
Ce panorama en 100 clichés met en lumière la rencontre entre le photographe du réel et son imaginaire, entre la photo de rue et ses fantômes, comme un road movie intérieur, le carnet de bord d’un expatrié : « J’essaie d’encadrer le réel devant moi. Il n’a souvent que peu d’intérêt en réalité. Il faut que je rêve ! ».
Olivier Marro