Brune Rousse Houblon, c’est le temple des bière artisanales dans un commerce de presse. Fabrice, docteur ès houblon vous y fait partager ses découvertes en provenances des pico et micro brasseries de la planète..
Fabrice, 47 ans aimerait-il brouiller les pistes ? Non il vit et partage sa passion, sans faire de vagues mais avec générosité. Il faut faire l’effort de franchir sa porte pour le découvrir. L’espace est scindé en deux. D’un coté un rayon presse, de l’autre une cave à bières. Sommes-nous dans la quatrième dimension ou dans un fake ?
« J’ai repris il y a dix ans, ce commerce qui était un marchand de journaux. Pour ne pas prendre de risque, j’ai décidé de garder la presse, ce qui m’a permit finalement de doper mon bouche à oreilles »
C’est ainsi en brassant large que l’enseigne un peu à l’écart du parcours touristique mais en plein fief populaire est devenue le QG des amateurs de houblon, de Nice et d’ailleurs. « J’ai des fidèles anglo-saxons, belges, finlandais et des étrangers de passages, car ma cave est répertoriée dans tous les guides internationaux de la bière ».
Mais comment ce lyonnais en est-il venu à créer ce négoce de nature « endémique » ? « Lassé d’enchainer les petits métiers, j’ai décidé de devenir mon propre patron en m’installant à Nice il y a une dizaine d’année. » Fabrice à 20 ans contracte le virus de la mousse, lors d’un séjour en Belgique, c’est naturellement qu’il ouvre une cave à bière. Constatant après quelques mois d’activité que ce stock est plus rentable que les journaux, il laisse le houblon pousser les murs proposant aujourd’hui 300 références de bières avec un turn-over régulier. « Cela paraît beaucoup mais c’est peu ! Dans le monde il y a 50 000 bières mais on n’est pas au millième de ce que l’on peut faire car il y a dix fois plus de variétés de houblons que de cépages, et les assemblages sont multiples comme les méthodes de fermentation, de fabrication ou de vieillissement ». Aussi ceux qui viennent ici même les plus exigeants repartent-ils toujours avec de quoi renouveler leur soif de nouveauté.
« Les bières que je vends le mieux ? Ce sont celles dont je parle le plus (rires) » Si Fabrice est intarissable il reste à l’écoute « Je connais mes clients, j’apprend à connaître les autres ». Novice ou amateur éclairé, il vous guidera selon vos gouts à travers un large choix par entrées multiples. Par saveurs (réglisse, chocolat, café, nougat il y en a même au gout iodée d’huitre). Par pays : la Belgique domine suivit de l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France. Mais cette part est grignotée par toutes ces bières venus d’ailleurs, du Canada, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, du Sri Lanka, ou d’Espagne « Naparbeer c’est mon coup de cœur, un catalan pétri d’audace et de talent, qui va jusqu’à faire une IPA en brune ». Evidement, les couleurs locales sont aussi hissées avec la Brasserie du Comté (et son aigle noir) qui travaille en bio, la brasserie artisanale de Nice réputée pour sa mousse célébrant le pois chiche et celle d’un brasseur australien basé à Mouans-Sartoux (Colgan) qui produit de magnifiques IPA. D’autres régions sont à l’honneur comme la Brasserie du Mont-blanc, « Souvent récompensée grâce à la qualité d’un ingrédient déterminant : l’eau.
Il y a les bières qu’il aime mais aussi celles qu’il faut avoir pour s’initier en douceur « Des plus amères avec les IPA aux bières les plus douces, caramélisées ou fruitées comme les krieks. Coté couleurs : des brunes, blondes, blanches, ou ambrées, de 0 (sans alcool) à 14 degré (La Samichlaus d’Autriche). Car l’homme aime traquer les bières atypiques telle cette allemande à 12 degré, fruité et tourbée ou des mexicaines contre toute attente amères comme des IPA. L’offre épouse aussi les saisons. Les bières de noël épicées débarquent avec le froid et voilà l’été avec celles plus légères venues des iles, de Cuba, d’Argentine. Certains puristes viennent ici aussi pour dénicher ces rares crus de garde qui évoluent sur 6 ou 7 ans. Outre l’incontournable « Carolus Kaiser » Fabrice propose une trappiste vieillie en futs de Nuit Saint-Georges et une américaine fermentée en fûts de bourbon. Et pour vos accords mets & bières, essayer donc une Ginger beer sur un curry, une blanche au basilic avec un pan bagnat ou une bière au piment d’Espelette sur une piperade !
Un univers gustatif qui se déploie sous le palais vigilant de Fabrice : « rien ne rentre ici qui ne soit pas une bière artisanale, issue le plus souvent de pico ou micro brasseries ». Alors si vous cherchez une bière chimique fermentée en 10 mn chrono, aller voir ailleurs !
Olivier Marro