Après le retour du whisky single Malt, de la bière artisanale, du gin c'est au tour du rhum de reprendre de la bouteille. A Nice Alexandre Gallet a surfé sur la vague en ouvrant au printemps dernier, Rhum Antique, un rhumerie aux allures de cabinet de curiosités à deux encablures du Port de Nice.
Rhum antique, c’est un antre minimaliste de 20 m2 derrière l’église du port de Nice, juste en face du vénérable Pipo Socca. On y pénètre comme dans la cabine d’un vieux gréement: bois, vieilles cartes marines, mappemondes, objets vintage, ambiance claire obscure dans laquelle reposent sur des étagères des flaconnages aux formes trapues ou oblongues… Une officine d’apothicaire ? Non la boutique d’un fou de rhums venus de toutes les latitudes.
Notre hôte a fait ses gammes dans une épicerie-restaurant où il s’occupait assidûment de la carte des spiritueux quand il décida de se consacrer à la dive bouteille : « J’ai toujours passionné par les spiritueux. Le rhum, c’est venu plus tard mais mon père étant un des derniers pêcheurs de Nice, les histoires de marin ont bercé mon enfance. »
Et quel meilleur spot pour jeter son ancre que l’angle de la rue Bavastro et Lascaris, un pirate et un grand navigateur. Joli coup de compas ! Dès son ouverture la boutique attire les pécheurs dont certains venant de Cannes. Mais sa clientèle est bien plus large: Des puristes, des amateurs et de jeunes moussaillons en quête de sensations inédites. Car ici, à part deux cuvées en vogue pour délier les langues (Diplomatico et Kraken) on vous initiera (avec dégustation) au rhum dans tous ses états. Les pur jus de cannes à sucre issues des iles françaises, ceux extraits de mélasses (deuxième jus de la canne), des rhums arrangés aux fruits, des spicy rhums, des rhums blancs et bien sur à tous ces grands crus millésimés qui invitent au voyage : de la Barbade (Caraïbes), de la Louisiane, de Cuba, de la Jamaïque, de la république dominicaine, du Brésil, des Antilles, des iles Maurice.
Parmi ces perles rares, un vieux rhum blanc portoricain qui est en fait un ambré, filtré sur lit de charbon. Mais aussi des blends de la maison Plantations : Des assemblage de rhums issus de plusieurs pays tel ce mix Jamaïque /Guyane/Trinidad, délicieusement parfumé. En tout une soixantaine de références qui s’invitent au gré des découvertes et de l’humeur du maitre des lieux.
Mais le must, la signature d’Alex c’est le : « Tue-Diable » ! Au 18ème siècle, c’est ainsi que l’on appelait le ratafia du marin. Un temps ou les rhumeries niçoises florissaient au port de Nice « Je suis tombé sur une vieille recette que j’ai réadaptée. Mon rhum vieux de 5 ans vient de Martinique. Je le repasse dans des futs de bourbon, qui ont déjà servis au cherry. Au final il en sort un puissant nectar exhalant l’amande avec une touche de fumée ». Le Tue-Diable mis en bouteille à Nice et cacheté à la cire existe en plusieurs versions et formats à partir de 37 euros. Pas cher payé pour faire un bon de trois siècles en arrière ! Qui a dit que la Route du Rhum ne passerait jamais par Nice ?
Le Petit Plus : Toujours en quête de saveurs inédites, Alexandre a même créé récemment « la marida ». Cette bière artisanale à base de houblon de Carros, relevée avec son « rhum niçois » est née de sa complicité avec un autre alchimiste inspiré : Olivier de la Brasserie artisanale de Nice.
Par Olivier Marro