Ils s'étaient connus à l'Institut Paul Bocuse avant de faire leurs armes dans de grandes maisons étoilées. Juliette, Samuel et Pierre-Jean se mobilisent quelques années plus tard pour une gastronomie décoincée et accessible. Leur revendication ? Moins de chichis pour plus de plaisir.
Fi des portes lourdes, nappes blanches et ramasses miettes. Chez les Agitateurs, on pousse la porte le cœur léger pour entrer dans un bistro au parquet ciré et à la décoration simple comme le « bonjour » qu’on vous adresse. L’ambiance est juste comme l’assiette : rien à ajouter, rien à jeter.
C’est un beau lavis peinte au-dessus du carrelage d’origine qui vous accueille et donne le ton, bleu comme la Méditerranée. Viennent ensuite Juliette, Samuel et Pierre-Jean. Trois agités du local, qui pourraient se contenter d’être sympas (vraiment sympas) mais qui ont décidé en plus d’être doués (vraiment doués).
Depuis l’ouverture du restaurant, en décembre 2017, les trois associés n’ont de cesse de casser les codes de la cuisine gastronomique classique. « L’Institut Paul Bocuse, ainsi que nos expériences dans de grandes maisons 3 étoiles telles que La Pinède, à Saint-Tropez, ou encore le Bristol, à Paris, nous ont appris une grande rigueur, à être au plus près de la saisonnalité et à respecter le produit dans son entièreté mais pour notre propre restaurant, nous avions envie de sortir de ces services ronflants et de décomplexer la grande cuisine. » Voilà qui est fait: le midi, ils proposent une formule entrée/plat/dessert pour laquelle les trois plats du jour suggérés sont servis directement dans la poêle ou dans la cocotte. Pas de quoi s’endormir, en effet.
Le soir, le service en 5 séquences nous transporte entre réconfort et innovation. Chacune des assiettes raconte une histoire pleine de goûts et de poésie. Ainsi cet assemblage de gnocchis, velouté de topinambours, croûtons de pains grillés et la poudre de persil pour rappeler la mousse qui s’écrase sous nos pas lors d’une balade en forêt. Ou encore cette pintade cuite rosée et son sabayon au foin, accompagnée de vin de paille, de noix et de petits toasts aux abatis.
Pour mettre en valeur le tout, un accord mets et boissons original puisqu’il est dommage de se cantonner au vin lorsqu’un cidre, un whisky ou encore une bière est davantage flatteur pour le palet. Il souffle décidément un vent de révolte et de créativité dans le quartier du port à Nice.
Le petit plus:Ouvert le dimanche le restau propose un brunch très complet à 27 €
Par Maureen Berard