Mélanger les cuisines, les musiques et le gens? Il y en a qui n'ont peur de rien. Et ils ont bien raison. Si c’est pour redonner du liant, du lien, de la liesse, pardi ça nous intéresse!
Il était attendu comme le loup blanc ce bar et restaurant au nom de truand palermitain. Juste en face le Mamac et au tout début de la rue Defly, Michael et Cédric, deux frères férus de déco et de l’art du 20è siècle (le premier possède la galerie Monsieur Edmond juste en face) et leurs associés ont trouvé la perle rare pour donner vie à leur envie. Celle d’un bistrot et restaurant de copains où l’on mange bien, sain et où l’on sait s’amuser.
Fi des univers ennuyeux et aseptisés. La déco comme à son habitude mélange les styles et les époques sans que jamais rien ne jure. Si leur Comptoir Central Électrique avait fait connaître à tous leur goût du décor qui a une âme il y a quelques années, Perlone va plus loin et confirme leur liberté face aux tendances. Ainsi la fresque du fond rend hommage au Corbusier, le bar à l’esprit hawaïen (grand tabouret de bois façon tiki et un comptoir cannelé) et les chaises à Pierre Jeanneret. Des portants, table basse, céramiques, le lieu regorge de curiosités design jusque dans les toilettes.
Dans la cuisine ouverte, le jeune chef Valentin Mercier se fait plaisir et nous régale avec ses produits frais et des mélanges improbables comme seule la cuisine nikkei (fusion entre japonaise et péruvienne) peut en proposer. Ce midi-là dans nos jolies assiettes, une épaule d’agneau confite fond dans la bouche laissant rejaillir en fin de bouche le goût mentholé d’une poêlée de courgettes. Un sériole (ndlr: poisson de méditerranée) juste snacké avec un léger laquage au soja, vinaigre de riz et gingembre et une purée de petit pois nouveaux à peine cuit avec un beurre citronné nous conforte dans l’idée qu’il n’y a pas d’esbroufe. La pomme rôtie et sa crème caramel beurre salé en jette moins mais disparaîtra tout aussi vite au fond de nos palais avides..
Le soir, Perlone se dédouble. A ma gauche, les noceurs impénitents. Ceux qui enchaînent les pisco sour, ceviche et petits plats à partager au comptoir ou sur un coin de table pour mieux papillonner au son de bonnes galettes. A ma droite, ceux qui ont décidé de passer à confesse, de tout déballer entre terre et mer pour rattraper le temps. trois plats de viande et autant de poisson seront là pour les départager.
Le petit plus : en fin de semaine on s’endiable en musique lorsqu’un sélecteur s’empare des platines
Par Eric Foucher