Ce lieu emblématique des folles nuits azuréennes renaît enfin après des années de fermeture. Adieu les fêtes survoltées mais l’état d’esprit authentique du Pirate qui réunit familles et amis est toujours là dans un écrin végétal sur la mer. Cuisine simple et savoureuse, fond musical, l’expérience sera mémorable.
C’est l’histoire d’un petit cabanon construit dans les années 50 par Charles-Albert Viale sur une plage de pêcheurs. Surnommé « Le Pirate » par ses amis, il installe quelques tables et sert du poisson frais dans les rires et la chaleur de l’été. Petit à petit, la clientèle monégasque a vent de ce lieu charmant et la cabane se transforme en restaurant. Manitas de Plata y vient avec sa guitare, Charles se costume en corsaire et les stars défilent chez lui.
Pendant les deux décennies 60 et 70, les Riva accostaient près des rochers, Brigitte Bardot dansait pieds nus, on cassait des assiettes et le petit âne du patron participait à la fête tous les soirs. Jet Set et étoiles du cinéma étaient survoltés comme dans une soirée chez Gatsby le Magnifique.
« Le Pirate » torse nu qui embrochait viandes et langoustes sur des sabres n’est plus là mais la nature est la même : mer, cigales, bruit des vagues et un bâtiment à rénover dont le potentiel a séduit le groupe Loulou. Claire Malafosse et son frère Gilles ont créé leur marque de restaurants dans l’idée de « capturer l’esprit des lieux » en les installant dans des endroits emblématiques du patrimoine culturel et naturel : Loulou Paris dans le jardin des Tuileries, Loulou St Tropez, Loulou Val d’Isère … Avec partout, l’ambition d’en faire des lieux raffinés, accueillants, qui font rimer décontraction avec élégance.
Au Cap Martin, Loulou Pirate veut faire revivre l’esprit Riviera des années 70. Ses bâtis évoquent le pont d’un bateau, un immense pin parasol trône au milieu du bar tel un mat, cordages et voilages nous immergent dans un monde marin.
De chaque espace aménagé en salle à manger, la mer scintille sous nos yeux et pour parfaire le cadre naturel, citronniers ou bougainvilliers ajoutent des touches de couleur. La situation géographique est exceptionnelle et pour en profiter, on peut déjeuner jusqu’à 16.00 et commander à dîner jusqu’à 23.30.
Le restaurant n’a pas la prétention d’être un gastro mais joue dans la simplicité, la légèreté et le local.
Comme pout tous les Loulou du groupe, le Pirate a été confié au chef Benoît Dargère, privilégiant les circuits courts et le local.
Pizza truffe ou fleurs de courgettes et stracciatella, salade aux artichauts violets crus, carpaccio de gambero (crevettes), céviche de bar et tranches de thon rouge …. C’est frais, sain et gourmand à l’huile d’olive vierge extra, aux pistaches de Sicile, au pesto de roquette…
On est tout près de l’Italie, le veau est en côte alla milanese ou en piccata au citron et la sauge et le bœuf Polmard en carpaccio aux câpres frits et à la braise (grâce au four à bois), le poulpe se rôtit et bars et loups se garnissent d’orange et de fenouil. N’oublions pas la pasta dont des Pipe rigate alla vodka !
On ne vous mentira pas sur les prix relativement élevés mais la Salade Niçoise, la Burrata des Pouilles pêches, menthe et verveine, le Risotto au safran et romarin ou en dessert la Pavlova de fruits rouges sont des exemples de plats à partager qui contentent au moins quatre convives.
Une époque est révolue, on ne brise plus les coupes de champagne, on ne se jette pas moitié nus à l’eau mais le lieu reste festif. Un DJ intervient au déjeuner et rien ne vous empêche de danser et le soir, des groupes live créent une ambiance romantique.
Le petit plus : Si vous êtes en bateau, vous accosterez à un ponton un peu éloigné et une charmante Fiat 500 collector viendra vous chercher.
Par Anne Emellina (texte et photos)