Quoi ? : Compositrice, musicienne et interprète
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Elle n’aurait pu être qu’une jolie égérie comme l’industrie de la musique, de la mode et du divertissement en produit tant avant de les laisser en plan. Mais Louise Verneuil est bien plus que cela.

Son regard magnétique et un grain de voix suave vous accrochent lentement pour ne plus vous quitter. La fille du sud est fière, tendre et insolente,  faussement naïve comme les héroïnes des sixties dont elle a la gracile silhouette. A rebours de tendances, elle a décidé de prendre son temps pour s’entourer des gens qui comptent et l’aident à construire le film de sa vie. Elle nous parle de liberté, d’amitié et de famille, de souvenirs d’une belle jeunesse entre Golfe Juan et Antibes.

 

 

Cette jeune fille qui nous regarde droit dans les yeux avec un mélange de défi et de crainte sur la couverture du premier EP,  c’est vraiment vous ?

C’est vraiment moi oui. Pleine de sentiments antithétiques : le doute et le désir, les fêlures et l’entêtement, la peur et le courage, la lumière et l’obscurité.  Ce portrait c’est l’histoire de ces années de travail et de maturité artistique, il est comme en suspension entre deux rives, le rapport jeune fille jeune femme, jeune musicienne et jeune artiste.

Outre la guitare, quelle est votre meilleur complice ?

Mon meilleur complice est d’abord ma voix avec laquelle j’ai la plus grande liberté de travail. Ensuite comme je suis autodidacte, j’ai la chance de travailler les instruments qui me plaisent notamment le piano et les claviers vintage.

Vous prenez votre temps pour sortir votre album. Chi va piano , va sano et lontano ?

Chi va piano est « sincere ». Je pense que pour se rapprocher le plus de soi et rester authentique avec la même envie, le temps est le meilleur des alliés.  Dans cette société de consommation où l’on se lasse très rapidement, mon luxe ultime était de prendre mon temps. Et de choisir l’intemporalité au phénomène de mode.

Gainsbourg plane en ombre tutélaire sur vos chansons. Quels sont les autres musiciens de cette période que vous aimez écouter ?

Gainsbourg est la référence ultime oui mais il y a beaucoup d’influences diverses dans cet album, de la folk vulnérable de Karen Dalton aux sentiments pop sixties de Françoise Hardy, au rock brutal et chamarré des années 70 entre Nico et Marianne Faithfull. Sans oublier les accords de Jazz de Billie Holliday, ces chansons puisent dans cette force féminine et féministe.
Comment s’est passé votre rencontre avec Samy Osta et que vous a-t-il apporté ?

Samy a été une évidence dans ce projet.  Je l’ai contacté sans être certaine de pouvoir bosser avec lui et au final nous sommes devenus de la même famille. C’est un mentor.  Il m’a apporté tellement de confiance en moi, m’a aussi fait jouer des instruments dans cet album ce qui n’était même pas envisageable pour une petite musicienne comme moi. Nous avons produit cet album ensemble, prenant le temps et avec la même envie de faire de la vraie bonne musique.  Des rencontres comme celles-là sont rares dans la vie.

« Une prise de son, c’est une photo » dit-il. Qu’y aura-t’il sur votre album à vous ?

Des photos de famille d’abord. Celles des femmes de ma vie. Mon arrière-grand-mère gitane andalouse que j’ai mis en chanson pour la rendre éternelle, ma mère qui n’a pas pu voir mon album aboutir mais qui était si fière de moi, mon oncle et mon père avec qui j’ai chanté pour la première fois. Toutes ces tables qui finissaient en musiques, ces souvenirs d’enfance et ces racines qui fondent l’essence de ma musique.  Le sud, le chaud, l’organique, l’odeur de journées d’été et le sourire des gens que j’aime.

L’amitié de mon ami Jonathan Canuti, créateur de Studio Clandestin. L’accent chantant qui réchauffent le cœur dans les moments de solitude. L’Amour surtout. Des photos d’amour et de vie. Les choses simples et belles, essentielles à mes yeux.

Le tire « Nicotine » parle d’une relation toxique avec un pervers narcissique ? Vos chansons sont-elles toutes autobiographiques ?

Je pars du principe où un premier album est toujours très autobiographique. Et l’envie d’écrire ses propres sentiments et failles confirment ensuite la chose.  Les chansons de cet album m’ont suivi au fil des ans, avec une idée de catharsis, d’écrire ce que je n’arrivais pas à dire.  C’est aussi ce qui rend les textes abordables pour tous les âges, les histoires d’amour qui finissent mal, de souvenirs nostalgiques et de liberté à tous prix.

Votre écriture est très cinématographique ? Pensez-vous déjà aux images quand vous écrivez ?

Je travaille comme cela effectivement.  C’est un grand sujet de conversation avec d’autres artistes notamment étrangers mais je n’arrive pas à écrire des paroles qui n’ont pas de sens.

Je raconte des histoires dans mes chansons pour emmener la personne qui écoute à se projeter dans son propre souvenir ou une vision abordable de sa propre vie. Le texte se doit d’avoir un sens du début à la fin. Ensuite je peux comparer des sentiments à des couleurs, des sensations à des matières, pour me rapprocher à la manière d’un réalisateur à un vrai monde dans chaque chanson.

Par exemple « Love Corail » est une fin d’été chaude, peau brûlante sous le soleil d’une maison du sud. La sensation celle des yeux qui se ferment sous les rayons du soleil et ce regard qui se brouille de granulés rouges. Et la soie vermeille.

Le début de la célébrité est-il quelque chose qui fait peur ?  Quel sentiment quand on se sent reconnu ?

Pour le moment je n’ai pas ce problème donc là question ne se pose pas. Haha Mais mon sentiment primaire est de faire de belles chansons, qui me parlent, qui touchent les gens. Nous sommes des saltimbanques, nous restons des faiseurs de sensations

La célébrité est très secondaire quand on passe plus d’heures dans son petit appartement à écrire des textes et composer des chansons.  Et puis il reste mon sud ou mes amis me font garder les pieds sur terre sans aucun doute !

Quelle relation entretenez-vous avec la région niçoise ?

J’y ai grandi, eu mes plus belles histoires d’amitié et fondé mes valeurs entre Golfe Juan et Antibes.  Je suis donc « chez moi » quand je reviens ici. C’est aujourd’hui une récompense ultime de pouvoir me ressourcer ici, créer et repartir à paris avec des bases solides. Et le ventre et le cœur bien rempli 😉

Louise à la plage elle fait quoi ?

Elle bronze. Ah et pas mal de potins aussi avec mon BFF 🙂

Propos recueillis par Eric Foucher