Quoi ? : Art de la table - Brocante - Stylisme culinaire
Quand ? : Sur rendez-vous
Des Questions ? : chineur.dineur@gmail.com
Un lien ? : Cliquez-ici

Chineur Dîneur... Un nom bien mystérieux qui laisse songeur mais derrière lequel se cache Thomas, un amoureux des belles tablées et des dressages parfaitement exécutés. Rencontre avec un passionné qui a transformé l'art de recevoir en un métier.

De jolies fleurs, quelques assiettes chinées, un vase émaillé… Vous pensiez que dresser une belle table était chose facile ? Détrompez-vous ! Thomas – alias Chineur Dîneur sur les réseaux sociaux – montre que la mise en scène d’un simple déjeuner relève du grand art. Aujourd’hui, il nous partage son amour pour les grandes tablées et nous prouve que le beau se cache partout : à l’ombre d’un bouquet, d’un verre ou encore d’une tasse de thé.

D’où vient cette passion pour les belles tablées ?

C’est une histoire de famille. Enfant, j’adorais l’agitation qui précédait un dîner, cette espèce de frénésie où l’on prépare la table, le menu, et où l’on attend avec impatience les premiers invités. Être assis autour d’une table rend également heureux et c’est un véritable voyage : on y discute, mange, rigole, échange, transmet… 

Est-ce que vous auriez pu imaginer, enfant, faire ce travail de chineur-dîneur ?

Sûrement pas ! (rires) Mais il est certain que j’ai toujours été attiré par la mise en scène, le raffinement. Ma grand-grand-mère était productrice de roses, j’ai donc grandi dans les jardins. Cette passion pour les fleurs s’est concrétisée et je suis devenu paysagiste. J’ai travaillé ensuite pour divers clients, dont la famille princière de Monaco. Puis, j’ai évolué naturellement vers l’art de la table, car j’adore les brocantes et le fait de ramener des objets à la vie. Mes proches m’ont d’ailleurs encouragé dans cette voie car à chaque fois qu’ils venaient déjeuner à la maison, ils me disaient « quelle table as-tu préparé ? » avant de demander « qu’est-ce que l’on mange ? ».

J’aime l’idée de sensibiliser le monde à arrêter de manger dans des assiettes en carton.

Pensez-vous qu’en France, plus qu’ailleurs, nous portons une attention particulière au dressage d’une table ? 

Oui, bien sûr. L’art de la table à la française est ancré dans notre culture, et nous avons un style unique qui évoque immédiatement le faste de Versailles. En cette période un peu particulière, où l’on reste davantage à la maison, je crois aussi que l’on prend plus le temps de dresser de belles tables, pour soi et pour les autres. C’est un peu comme si le restaurant s’invitait à la maison !

Je suis persuadé que l’on apprécie plus un repas dans une belle assiette.

Dresser une table à la française est très codé (les dents des fourchettes sont vers la table, la lame du couteau est tournée vers l’assiette…), est-ce que vous respectez scrupuleusement les règles ou vous appréciez vous détacher de la tradition ? 

Tout dépend du résultat voulu et de mon humeur ! Mais j’attache, c’est vrai, une grande importance à l’espacement entre les assiettes – au delà de l’esthétisme, c’est aussi une question de confort – au repassage de la nappe qui se doit d’être parfait et aux couverts/verres bien placés… C’est mon côté psychorigide (rires). En résumé, j’aime dresser une table avec sérieux, tout y ajoutant mon grain. Une forme de folie contrôlée ! 

Quels sont vos secrets pour réussir une belle table ? 

Je dirais que la décoration doit être en adéquation avec le menu, c’est primordial. La nappe ne doit pas être froissée et les serviettes doivent obligatoirement être en tissu. Ensuite, il faut créer une histoire autour de cette table en y ajoutant des objets authentiques ou faits mains. Une pointe d’originalité est aussi la bienvenue, sans oublier le plus important : les fleurs ! 

Est-ce que l’on peut créer une belle table n’importe où ?

Bien sûr. J’ai déjà dressé une table dans un bunker, au milieu des ruines. Il n’y a aucune limite ! Tout dépend des envies des clients. Parfois, ils ont une idée précise du lieu – sur une plage, en haut d’une colline – et parfois ils préfèrent me laisser le soin de leur réserver la surprise. Mon seul credo : ne pas dresser une table dans des lieux vus et revus sur les réseaux. Je préfère les endroits inédits, confidentiels. L’expérience en sera d’autant plus étonnante. 

À quoi ressemblera la table de demain ?

Elle sera mieux qu’hier, évidemment ! J’espère en tout cas plus responsable. En privilégiant l’argenterie, la céramique, la porcelaine et en bannissant la vaisselle jetable. 

Où chinez vous sur la Côte d’Azur et comment sélectionnez vous vos pièces, quels sont vos critères ?

Lorsque j’ai un coup de coeur, je ne réfléchis pas forcément et j’achète. Chaque objet a une histoire et il trouvera forcément sa place sur une table. Pour moi, chiner est presque un acte militant car il permet de protéger notre patrimoine français.

Si je ne devais donner qu’un seul conseil pour choisir un objet ce serait d’être « observateur » et de n’avoir pas peur de l’état de ce dernier, même s’il est un peu abimé. On peut tout à fait le restaurer !

Qui inviterez vous à votre table une fois la crise sanitaire terminée ?

Le plus de monde possible, connu ou inconnu. J’organiserai un grand brunch festif au beau milieu d’un champ ou sur la plage !

Pour finir, quelles sont vos adresses préférées sur la Côte d’Azur ?

Difficile de choisir ! Mais je dirais chez Jan, un restaurant niçois où la cuisine sud-africaine est délicieuse, à l’Hôtel Particulier des Jasmins au Bar-sur-Loup – la cuisine familiale y est excellente et les tables épurées sont dressées au cordeau – Chez Camille, dans le Var, pour y déguster une bonne bouillabaisse et enfin à Marseille, chez le chef étoilé Alexandre Mazia (AM), pour un dîner inoubliable. 

Propos recueillis par Louise Ballongue / Photos : Chineur Dineur