Quoi ? : Championne de natation
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Sacrée deux fois championne du monde du dix kilomètres en eau libre, Aurélie Muller a l’esprit de compétition dans la peau. Après avoir parcouru le globe, elle a décidé de poser ses valises à Nice.

Avec son sourire franc et ses yeux rieurs, Aurélie Muller attire tout de suite la sympathie. Cette Sarregueminoise ambitieuse de nature, a quitté son Nord natal pour concrétiser ses rêves, à Nice : devenir une grande nageuse professionnelle. Rencontre au fil de l’eau.

À quel âge vous êtes-vous dit « Je vais devenir nageuse professionnelle » ?

C’est une très bonne question ! (rires). Mon père m’a emmené chez les bébés nageurs très tôt, et il faut croire que j’étais bien dans l’eau, puisque je n’ai jamais quitté les bassins. Au primaire, collège et lycée, je me suis entraînée dans mon club de natation, à Sarreguemines. Une passion qui s’est rapidement concrétisée, avec l’obtention de mes premiers résultats en junior, à l’âge de 16 ans. À cette époque, je rêvais déjà de participer aux JO !

Puis, à l’âge de 24 ans, j’ai eu besoin de partir ailleurs. J’ai fait un stop à Nice, car les conditions étaient réunies pour que je puisse bien travailler et progresser (bassin de 50 mètres, mer à proximité…). Je suis tombée très vite amoureuse de la ville. 

« Mon club a su m’accompagner tout au long de ces évolutions. Je suis d’ailleurs salariée depuis 2012, chose extrêmement rare chez les nageurs. Cela montre qu’ils ont cru en moi ».

Est-ce que vos proches vous ont soutenu lorsque vous avez choisi de « foncer » ?

Lorsque j’ai eu mes premiers résultats en junior, j’avais la moyenne à l’école. Mais il est vrai que je n’aimais pas ça (rires). Puis, j’ai commencé à m’entraîner 2 fois par jour, et là c’est devenu plus compliqué. En seconde, j’ai dû faire le choix difficile de suspendre ma scolarité pour m’adonner à ma passion. Bizarrement, alors que j’aurais cru l’inverse, mon père a tout de suite compris mon choix, et ma mère a été un peu plus réticente. 

« En réalité, je voulais tellement devenir nageuse, qu’ils n’ont pas eu le choix ! (rires) ». 

À quoi ressemble une journée type de votre quotidien ? 

Je me lève à 06h00, je petit-déjeune et me prépare pour être à l’eau à 07h30. Cette première séance se finit à 09h30. Je rentre chez moi, je me repose. Puis j’enchaîne avec une seconde séance de 16h30 à 18h30. À côté de ça, je m’entraîne physiquement plusieurs fois dans la semaine (….). Le week-end, je prends un peu de temps pour moi.

« Niveau alimentation, je me fais plaisir et me prépare de bons petits plats. Le matin, j’adore me préparer un petit-déjeuner 100% salé ! »

Après de brillantes années eau libre, vous avez décidé de vous concentrer sur la nage en bassin. Est-ce que les sensations liées à cette nage « en milieu ouvert »  vous manquent ? 

Oui, forcément. Ça me manque beaucoup. Mais je n’ai pas réussi à me qualifier pendant les JO avec cette discipline. Comme je ne veux pas travailler « pour rien », j’ai décidé de revenir à mes débuts, la nage en bassin. Cela fait bientôt 2 ans que je m’entraîne. Bien entendu, j’ai fait quelques compétitions en eau libre pour ne pas perdre, mais je souhaite désormais performer en bassin. 

En vacances, est-ce que l’eau vous manque rapidement ?

Comme je ne prends pas beaucoup de vacances et que je n’ai pas souvent l’occasion de faire une pause, non, ça ne me manque pas ! Je préfère vraiment « couper » et consacrer mon temps libre à d’autres activités.

« Si je suis dans l’eau, sans entraînement, je vais très vite m’ennuyer. C’est d’ailleurs vrai pour la plupart des nageurs. »

Je vais me tremper et je ressors rapidement, mais je ne vais pas forcément « jouer » dans l’eau, je ne sais pas faire ! (rires).

Est-ce que vous trouvez que la natation féminine est assez médiatisée aujourd’hui ? 

Oui et non ! Mais on progresse. La natation en bassin est de plus en plus médiatisée, en revanche en eau libre, ce n’est pas encore ça. C’est une discipline encore méconnue du grand public.

Quelle est la nageuse pro que vous admirez le plus et pourquoi ?

Je n’ai pas vraiment de nageuse préférée, j’aime les gens persévérants, qui durent malgré les épreuves. Laure Manaudou a, il est vrai, fait rêver la France entière. Mais j’admire également des sportifs comme Roger Federer, Martin Fourcade, Serena Williams. Ce sont des personnes qui ont eu des moments compliqués, mais qui n’ont rien lâché ! Ils ont également très bien su gérer leur carrière. Car ça aussi, c’est important ! 

Pendant un championnat, à quoi pensez-vous juste avant que le chrono démarre ? 

Je ne pense à rien de particulier ! En revanche je suis très concentrée sur ce que j’ai à faire, sur la façon dont je vais m’y prendre.

Est-ce difficile de « courir après les résultats » dans votre métier ?

Oui, ç’est dur. Ça fait 10 ans que je nage et je peux vous assurer que l’on traverse des moments difficiles. C’est un sport très exigeant, on s’entraîne au quotidien, on prend très peu de vacances… Mais c’est un choix, mon choix, et j’y prends évidemment beaucoup de de plaisir. Quand on veut performer, il faut tout donner !

Face à un échec, quel est votre secret pour relativiser ?

Il faut prendre un peu de recul sur la situation, comprendre pourquoi ça n’a pas fonctionné, se remettre en question puis mettre des solutions en place. C’est la clé pour que tout s’éclaire à nouveau.

« Même si c’est très dur, il faut se fixer de nouveaux objectifs, persévérer et dialoguer. »

Est-ce que la nage est un sport solidaire ou solitaire ?

Un peu des deux ! On s’entraîne en groupe, on en « bave » ensemble. Lors des entraînements, il existe un réel esprit de solidarité, de partage, entre les nageurs. C’est d’ailleurs cette « émulation collective » qui nous pousse à nous dépasser. Après, dès qu’un championnat démarre, la nage redevient un sport solitaire. On est à fond dans la compétition ! 

Parlons maintenant de vos endroits fétiches. Quelles sont vos adresses favorites à Nice ?

Il y en a beaucoup ! (rires). Pour bruncher, j’aime aller chez Comme un dimanche, Jigabrunch, Chez les garçons, La Popote d’Ondine, Olim et Clay. Pour déjeuner, je me rends chez Pokawa, Ya habibi, Deli bao ou encore à La Voglia. Mes spots favoris pour boire un verre sont Le Galet, L’hôtel Amour, Babel Babel et Il Caffé Dai Ragazzi.

Pour finir, qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter de beau pour 2021 ?

De me qualifier cet été aux Jeux olympiques de Tokyo, aux 1500 mètres nage libre !

Par Louise Ballongue / Photos : Stéphane Kempinaire (compétitions) / Alex Voyer (ambiances) / Streetfocus – Photography (portrait ouverture)