Si l'on devait traduire en images les célèbres vers de Paul Valéry, "la mer, la mer, mille fois recommencée" on le ferait avec les photos de Perrine de la Bretesche. Après Paris et São Paulo, l'artiste-photographe a posé ses boîtiers à Nice et photographie les variations de la "Grande Bleue" comme personne.
Déjà petite, Perrine de la Bretesche était attirée par l’art, mais ne savait, au départ, par quel biais l’exprimer. Après avoir entamé des études en Histoire de l’art, elle intègre finalement une école de photographie. À la sortie, elle trouve rapidement un bon poste, devenant directrice artistique chez Getty Images, puis chez Ventes Privées. Elle a la chance de collaborer avec de nombreux photographes talentueux, mais son appareil photo reste au placard. Rapidement, le monde de l’entreprise l’assèche. Elle se sent enfermée dans une cage. N’en pouvant plus, elle décide de changer de vie et part sans filet vivre à São Paulo. Un nouveau départ difficile où elle se retrouve dans une gigantesque ville, sans objectif précis mais enfin libre de s’adonner à sa passion : prendre des photos. Quelques années plus tard, elle vient s’installer à Nice où elle trouve la sérénité et l’inspiration. Sa routine quotidienne ? Se lever tôt et aller voir la mer, avec son boîtier bien sûr. Nous l’avons intercepté à son retour sur une terrasse du Port pour une leçon de vie et d’amour, où l’optimisme règne.
Votre voyage à São Paulo semble avoir fonctionné comme un véritable déclencheur ?
Oui, j’ai commencé à faire des portraits, des photos de la ville… Puis tout s’est enchaîné grâce au bouche-à-oreille. J’étais moi-même surprise de l’engouement qu’il y avait autour de mon travail (rires).
Ressortir mon appareil photo à São Paulo a été une véritable renaissance.
Comme cette expérience au Brésil a imprégné votre travail ?
São Paulo est une ville chaotique, où la nature se bat contre l’urbanisme. Il y a une énergie folle, qui galvanise, mais qui vous oblige aussi à chercher constamment l’équilibre.
La nature m’apportait des respirations, une bouffée d’air, et la rue me donnait de l’énergie.
Les brésiliens sont extraordinaires : même dans l’adversité, ils sont optimistes, libres, ils grouillent d’idées… et ont envie de faire bouger les choses. C’est toutefois à Nice, et non à São Paulo, que j’ai trouvé une forme de sérénité.
Sur votre compte Instagram, on voit la mer partout. Depuis quand êtes vous « obsédée » par cet élément ?
J’ai eu un coup de foudre pour la mer à Nice. Cette immensité bleue, c’est une source inépuisable d’inspiration, un symbole d’immortalité. Comme le disait si justement Victor Hugo, la mer est un espace de rigueur et de liberté. On ne peut pas la résumer.
La Mer est un paysage mouvant, qui se transforme sous vos yeux tous les jours. Le matin, le midi, le soir… qu’il fasse beau ou qu’il fasse mauvais, elle peut devenir apaisante, menaçante, sereine, inquiétante… mais toujours inspirante.
Préférez-vous photographier les éléments ou l’humain ?
Un portrait, c’est une rencontre. Je partage une intimité avec l’autre. Quand je photographie les paysages, je suis portée par une émotion. C’est un travail solitaire. Les deux sont donc complémentaires !
Est-ce qu’un bon photographe doit être capable de rendre extraordinaire quelque chose d’ordinaire ?
Je crois que chaque photographe a des objectifs très différents. De mon côté, si j’arrive à transmettre une émotion à une personne, le pari est réussi. Faire du bien aux autres, c’est un beau challenge !
Pourquoi les enfants vous inspirent-ils autant ?
Il y a une liberté chez l’enfant que je trouve magique. On peut être plus créatif avec eux, ils rentrent très facilement dans le jeu. Prendre en photographie un adulte, c’est différent. Il est souvent mal à l’aise devant l’objectif. Je crois aussi que l’on se voit souvent plus moche qu’on ne l’est… Se voir sous un nouvel angle, voilà mon objectif !
Quel est votre lien avec le téléphone ?
Toute image est inspirante, quel que soit le support. Une photo prise avec le téléphone ne me dérange pas, bien au contraire : c’est l’instant qui compte. Il faut suivre son instinct.
J’ai cru comprendre que vous appréciez être matinale. Pensez vous que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ?
Je pense qu’il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent, et ce à n’importe quel moment de la journée. Une belle lumière tapante à midi peut être aussi séduisante qu’un soleil orangé du soir. Je crois aussi que le monde appartient aux positifs. Lorsque l’on est dans cet état d’esprit, on a une liberté folle d’agir, d’être acteur de sa vie.
Préférez vous bosser pour vous ou bosser pour les autres ?
Bosser pour moi ! Sans aucun doute. J’aime le travail en équipe, et l’émulation qui va avec, mais je ne n’aime plus le fait de travailler « pour » les autres.
Il faut avoir le pouvoir de dire Non pour avoir le pouvoir de dire Oui.
Quels sont les photographes qui vous inspirent ?
Difficile à dire, il y en a tellement ! Mais je suis très fan de Sandra Cattaneo Adorno et de ses ambiances tellement bien senties. J’aime Olaf Heine pour son sens de la composition, les portraits muraux de Richard Avedon, la sensualité de Mapplethorpe. Pour voyager dans le temps, je citerai les albums de Jean Gilletta, qui illustrent à merveille la French Riviera d’antan.
Parlons maintenant de la ville de Nice. Quels sont vos endroits favoris ?
J’adore me rendre tôt le matin sur la plage de la Mala. Pour prendre l’apéritif/dîner, je dirais Babel Babel ! J’aime aussi aller prendre un verre au bar La Part des anges et dîner au Lavomatique. Enfin, mon caviste préféré où je passe le plus clair de mon temps, c’est Aperitiv !
Pour finir, qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter de beau pour 2021 ?
De me développer et de réussir à consacrer plus de temps à mon travail !
Par Louise Ballongue / Photos : Perrine de la Bretesche