Ambitieux, créatifs et compulsifs - Marion Lepetit et Erkan Varer l’étaient déjà avant de se rencontrer. Mais c’est en concevant Studio Lelaz, laboratoire d’idées et d’espaces, que le duo a brillé. Rencontre avec deux designers résolument solaires.
Après des parcours respectifs dans le monde du luxe (en architecture d’intérieure pour Erkan, dans l’événementiel pour Marion), le couple décide de fonder en 2019 « Studio Lelaz », un nouveau genre de collectif créatif. Cette impulsion, ils la doivent à leur professeure de design, Marianne Guedin, qui les a fait se rencontrer lors du dîner d’ouverture de l’exposition « Monumenta » au Petit Palais, à Paris. Là, encadrés par les meilleurs designers, ils développent leurs univers singuliers et façonnent leurs identités. Forts de leurs expériences, Marion et Erkan imaginent des univers et racontent des histoires. En 2019, le duo remporte le prix du concours Ibis budget. Ensemble, ils réinventent l’identité de la célèbre chaîne d’hôtel. Dans la foulée, le couple emménage sur la Riviera : la lumière orangée de Nice et son héritage italien les séduisent. Début septembre, le studio rêvé de Marion et Erkan ouvre ses portes au 5 rue Martin Seytour. Nous les avons rencontrés autour d’un café dans cet antre créatif et coloré, peuplé de beaux objets.
Pourquoi avoir baptisé votre studio « Lelaz » ?
Erkan : « Laz » c’est le nom de mon ethnie. Pour la petite histoire, cet ancien empire baptisé le Lazistan date du 5e siècle après JC. L’anecdote est restée : mes amis m’appellent tous « Laz ». Lelaz, c’est aussi « Le », comme le nom de famille de Marion, LePetit.
Marion : On ne voulait pas d’un nom trop connoté pour le studio. L’idée c’est de collaborer avec d’autres personnes dans le futur, comme un collectif. On cherche d’ailleurs des personnes sur la Côte d’Azur pour nous rejoindre.
Qu’est-ce que vous appréciez sur la Côte d’Azur, et plus précisément à Nice ? De quoi vous nourrissez-vous ?
Erkan : Le bien-être déjà, ça fait beaucoup !
« On sent qu’une volonté créatrice émerge à Nice, une envie de faire bouger les choses ».
Marion : De mon côté, j’ai rapidement été séduite par l’incroyable héritage italien de la ville, ses façades, ses couleurs. C’est très inspirant. J’ai bien plus d’envies solaires, à l’esprit Riviera.
« Dès notre arrivée, nous avons été émerveillés par les incroyables couchers de soleils ici. La lumière est folle, à n’importe quelle saison, même l’hiver ! »
On peut observer sur votre site de nombreux objets. Est-ce que, pour vous, la fonctionnalité d’un objet prime sur l’esthétique ?
Erkan : Oui, bien sûr. C’est comme dans un intérieur : l’objet doit être fonctionnel avant tout. L’esthétisme vient ensuite tout seul !
« L’esthétisme ne pose pas de contraintes »
Marion : Dans le cadre d’une rénovation, on répond au cahier des charges du client. On dessine donc d’abord le plan. L’esthétisme, on y pense indirectement. Le trait est guidé par nos goûts, notre vision du beau.
Qu’est-ce que le beau pour vous ?
Marion : C’est très subjectif. L’univers « parfait », où tout est « beau », ne me séduit pas. Je n’ai d’ailleurs pas peur de la faute de goût, le choix d’un objet c’est avant tout un coup de coeur, une sensibilité.
« Il faut de la légèreté dans ses choix déco. Plus on les assume, plus ça passe. C’est comme la mode ! »
Erkan : Pour moi la seule faute de goût, c’est le faux. Si l’on n’a pas les moyens de s’acheter telle ou telle pièce de designer, ce n’est pas grave. Autant se replier sur une pièce chinée dans un autre style qui nous plaît et bon marché !
Marion : Le pire, c’est quand même l’appartement témoin sans âme, absolument pas personnel.
« Je n’ai pas de style, j’aime mêler une pièce des années 70 avec une pièce ultra contemporaine. L’association d’objets vintage, ça apporte du cachet ! »
Qu’est est le fil conducteur dans vos projets ? Qu’est-ce qui vous guide, vous motive ?
Erkan : Pour un particulier, tout va se jouer lors de la rencontre. C’est l’humain qui prime. Il faut que l’on soit sur la même longueur d’onde.
Marion : Il nous arrive de refuser un projet lorsque celui-ci n’est pas assez créatif et que le client sait déjà tout ce qu’il veut.
Erkan : En somme, on veut s’amuser !
Marion : On souhaite également faire connaître des marques, des matériaux qui ne soient pas « grand public ». On passe beaucoup de temps à sourcer et on ne veut pas faire du copier-coller. Chaque lieu est unique. On essaie également de choisir des entreprises éco-responsables.
« On essaye de se challenger à chaque nouveau projet. Pas question de rester dans notre confort ! »
Quel est le projet le plus ambitieux que l’on vous ait confié, et quel est celui dont vous rêvez ?
Erkan : J’ai peut-être une petite fierté pour mon projet de diplôme. Il portait sur la métamorphose de l’Observatoire de Paris, dans le 14eme. J’avais créé un espace de coworking et d’échanges. Dommage qu’il soit resté à l’état de projet !
Marion : Nous rêverions un jour de dessiner l’intérieur d’un bateau. C’est un terrain d’expression immense. Il y a une vraie recherche autour des tissus gainés, des nouvelles matières…
Si vous ne deviez garder qu’un seul objet avec vous, quel serait-il et pourquoi ?
Erkan : Personnellement, je ne suis pas matérialiste. Je n’ai aucune attache aux biens, aucune difficulté à les revendre ! D’ailleurs, je n’ai pas eu de mal à quitter notre appartement à Paris, que nous avions restauré nous-mêmes.
Marion : Idem de mon côté, pas d’affect’ particulier côté objets. J’apprends à m’en détacher, à l’exception de ceux qui ont une histoire sentimentale, comme la manchette de ma grand-mère.
Pouvez-vous nous citer quelques-unes de vos adresses préférées à Nice ?
Marion : Maison Barale, sans hésiter ! Leurs raviolis et panisses sont dingues. Tout est fait maison par la famille et en prime, ils élaborent plein de nouvelles recettes.
Erkan : J’aime bien le Bar des Oiseaux et le Comptoir du marché aussi.
Marion : Sans oublier Kalos, c’est notre cantine du midi ! Les Agitateurs, c’est une super table, tout comme Chabrol. La cuisine est excellente, mais il faut penser à réserver.
Erkan : Pour s’échapper le week-end on se rend souvent en Italie ou dans l’arrière pays niçois. Le soir, direction le Mont Boron pour promener Houmous, notre chien, et plus tôt en journée, Marion adore se rendre à La Réserve, pour une nage matinale.
Propos recueillis par Louise Ballongue / Photos Studio Lelaz