Quoi ? : Créatrice de châles
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Dessiner et raconter des histoires. Voici ce qui anime Ania depuis toute petite. Mais c’est au contact d’un accessoire désuet - le châle - que cette créative dans l’âme fait des merveilles. Rencontre avec une conteuse des temps modernes.

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Depuis 2015, Ania concrétise ses rêves sans rien s’interdire. Sa marque – Le Châle Bleu – est le fruit d’un long travail et de beaux hasards. D’abord directrice artistique et illustratrice freelance à Paris, c’est lors de cours de design textile que cette acheteuse compulsive de tissus commence à s’épanouir, changer de regard. Et puis, par un froid hiver parisien, n’arrivant pas à trouver le châle de ses rêves – chaud, beau, en fibres naturelles et à un prix juste – elle commence à le dessiner. De fil en aiguille, elle se retrouve à sillonner la Suisse et l’Italie en quête d’un imprimeur capable de travailler la laine. Bingo : Le Châle Bleu était né. Ania crée une ne collection de contes modernes sur tissu qui célèbre une mode slow, plus humaine, et qui met la poésie à l’honneur.

Depuis quand êtes-vous attirée par l’univers de la création en général, et des contes en particulier ?

Depuis toujours. J’ai commencé à dessiner à un âge très tendre et je suis une lectrice insatiable depuis l’enfance. 

Pourquoi aimez-vous tant raconter des histoires ?

La lecture et l’amour de l’écrit ont toujours été et seront toujours ma plus grande passion. Ainsi écrire de petits contes pour accompagner chaque dessin m’a semblé juste et nécessaire dès le départ. C’est aussitôt devenu l’une des marques de fabrique du Châle Bleu.

Lorsque vous ouvrez une boîte Le Châle Bleu, la première chose que vous voyez est un petit livret qui vous raconte l’histoire du dessin et vous permet de commencer un voyage dans son univers, qui commencera toujours par la phrase la plus prometteuse au monde « Il était une fois… ».

Vous avez lancé votre première marque en 2015. Quel est votre regard sur l’entrepreneuriat ? 

Avoir sa propre entreprise, d’une part, c’est la liberté. La liberté de dessiner comme je l’entends, la liberté de choisir les matériaux, la liberté de choisir non pas plus de profit, mais de la qualité, sans compromis. J’ai travaillé pour une agence de communication suffisamment longtemps pour savoir combien les rêves sont souvent écrasés par la réalité. D’autre part, le fait de gérer sa propre entreprise implique des responsabilités. Seule une personne qui s’y est déjà essayée peut en connaître le poids réel. Je ne le cache pas, je rêve parfois de trouver un emploi salarié, de m’enlever tout ce stress, de ne plus avoir à penser à tout et à prendre toutes les décisions. Mais ensuite, une cliente m’écrit de Californie, pour me parler des pies dans le jardin de son enfance et me raconter comment mon châle lui rappelle cela, et je me rends compte que ce que je vis maintenant n’a pas de prix. 

Etes-vous soutenue par vos proches dans ce pari créatif ?

Oui, j’ai la chance d’être bien entourée, mon homme me soutient et m’encourage, il a compris avant moi que tous ces dessins, ce suivi de la production, cette préparation de commandes et tous ces aller-retour à la poste, «c’est mon travail maintenant».

Quel est votre conte préféré, celui que vous relisez avec appétit et curiosité ? 

Définissons ce qu’est un « conte». De mon point de vue, comme je n’aime pas la non-fiction ou la littérature historique, tout ce que je lis est un conte. Et je ne peux pas en choisir un seul. Il y en a tant ! Il y a des livres auxquels je reviens sans cesse. Antonia Susan Byatt, avec son « Djinn dans l’œil-de-rossignol » ou l’histoire du petit artisan tailleur, inclu dans mon livre préféré de tous les temps : « Possession » ; les magnifiques contes d’Alessandro Baricco (en particulier l’histoire de M. Gwin) ; ou Tove Jansson, avec son cycle de Moomins, très peu enfantin en réalité ; ou, dans un tout autre registre, « Le Mystère d’Edwin Drood » de Dickens, auquel j’aime revenir, je ne sais pas trop pourquoi…

Vous accordez beaucoup d’importance au slow, à l’éthique… Pour quelles raisons ?

Il est important pour moi de savoir que toutes les personnes impliquées dans la production « Le Châle Bleu » peuvent travailler dignement, que je ne nuis pas aux gens ni à la planète. Ainsi, tous mes châles et foulards sont imprimés et cousus à Côme, en Italie ; mes précieuses boîtes bleu nuit sont confectionnées dans un atelier en Andalousie, en Espagne ; mon magnifique papier de soie est fabriqué par une manufacture traditionnelle dans la Drôme, en France ; et toutes mes étiquettes, cartes, petits livrets, etc. sont imprimés ici, à Nice, dans l’une des plus anciennes imprimeries de la ville. 

“Tous les modèles Le Châle Bleu sont dessinés par moi à la main, ce qui prend du temps. De la première esquisse au développement des gammes de couleurs sur l’ordinateur, le processus peut prendre plusieurs semaines.”

Lorsque vous êtes une petite marque, le contact avec les clients est très proche. Je ne veux pas rougir de mes modèles. Je prépare moi-même toutes les commandes et j’aime écrire des petits mots à mes client(e)s. 

Quelles sont vos prochaines créations ?

Depuis la création de la marque, la gamme s’est élargie. Les châles en laine ont été rejoints par de grands carrés en soie, de petits foulards gavroches, de longues écharpes en laine. Et si tout va bien, des bandanas et des étoles en coton et soie s’y ajouteront bientôt !

Peut-on changer le monde d’après vous avec un châle ? 

Si seulement cela était possible ! 

Parlons maintenant de votre quotidien. Pouvez-vous nous citer quelques-unes de vos meilleures adresses à Nice ?

Dans mon quartier (Libération), pour un déjeuner de qualité quasi gastronomique, élaboré avec des produits du marché du matin : “La Table du Marché” sur boulevard Joseph Garnier. Un peu plus loin, caché dans la rue Dabray, le petit restaurant “Les Deux Chefs”, avec une excellente cuisine et une atmosphère agréable et familiale. Après mes années parisiennes, les brocantes me manquaient beaucoup. La jolie boutique “Insolite” rue de France contribue à étancher ma soif de meubles années 50, de petits objets en céramique et d’autres trésors chinés.

Pour finir, que peut-on vous souhaiter de beau pour 2022 ? 

J’ai adoré participer au salon de créateurs Etsy French Riviera en décembre dernier. Donc plus de salons réussis et plus de dessins réussis s’il vous plaît !

Par Louise Ballongue / Photos Le Châle Bleu