Le MAMAC présente en collaboration avec le Nouveau Musée National de Monaco, la première grande rétrospective de Lars Fredrikson. Une immersion jubilatoire dans un univers intemporel et délicieusement retro futuriste où le travail de l’énergie se taille la part belle
En 1945 Lars Fredrikson (Stockholm, 1926 – Saint-Saturnin-les-Apt, 1997) travaille dans un laboratoire de recherches de l’armée suédoise, tout en expérimentant la peinture avec des explosifs. Engagé dans la marine marchande comme officier radio, il fait huit tours du monde, suit des études d’électronique, de chimie, se passionne pour le constructivisme de Malevitch à Kandinsky.
Artiste iconoclaste, savant fou, bricoleur insatiable, Fredrikson est un artiste reconnu comme le pionnier de l’art sonore. Un art qu’il explore en convoquant de front la sculpture, la peinture et les avancées technologiques de son temps à l’image de ces expériences avec un instrument made in USA déniché au marché aux puces qui capte les sons de l’espace en mettant en jeu une aiguille sur du papier ou encore avec ses premiers « Tableaux sonores, aux mouvements aléatoires» animés par de moteurs.
Dès 1968, l’âge d’or de la recherche électronique et acoustique, Lars Fredrikson créé des œuvres étonnantes en mettant en œuvre des postes de télévision, des radios et des fax ce qui lui vaut en 1972 une exposition (Espaces virtuels) à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence, ainsi qu’une création aux Nuits de la Fondation réalisé avec Françoise Hardy et le compositeur René Koering autour d’une de ses structures sonores électroniques. Il se lie d’amitié avec Samuel Beckett pour lequel il réalisera une pièce sonore pour le ballet « Traversée des lieux ».
Exilé en Provence depuis les années 60, l’artiste surnommé « le corps antenne » par son élève Isabelle Sordage a tissé de nombreux liens avec notre région. En 1969, il expose à Marseille au Musée Cantini. En 1981 il fait deux expositions personnelles à la Galerie Catherine Issert (Saint Paul de Vence) et créera six œuvres sonores remarquables à l’exposition « Murs du son » à la Villa Arson où il fut professeur de gravure.
Le MAMAC a réuni près de 200 œuvres (œuvres cinétiques, aquarelles, peintures, œuvres sonores, dessins sur fax) ainsi que le Studio son de l’artiste pour évoquer le parcours improbable de ce « poète-plasticien-chercheur » d’un autre temps ou d’un autre espace.
Par Olivier Marro