Photographe et collectionneur avisé, Jean Ferrero sera le témoin du vent de liberté qui soufflait sur l'art contemporain à Nice durant les années 70. A travers son parcours et ses amitiés, cette exposition est l’occasion de revivre cette époque et de lui rendre hommage.
Jean Ferrero est une figure atypique de la scène artistique niçoise dont la vie est une effervescence de passions liées au sport, à la photographie et à l’art. L’exposition nous permet salle après salle de faire connaissance avec l’haltérophile, le photographe, le marchand d’art, le collectionneur et l’ami intime de grands artistes de son temps.
Autodidacte, sa curiosité débordante le conduit à dévorer des centaines d’ouvrages de BD aux magazines d’art en passant par la littérature et les revues scientifiques. Tout en cultivant son esprit, il s’adonne à la boxe et au culturisme. Lui vient alors l’idée de photographier ses copains musclés et rapidement ses photos se vendent en France et à l’étranger.
Un grand nombre de ses photos est présenté dans cette exposition, notamment celles qui ont contribué à son succès avec l’idée de corps nus et bodybuildés en pleine nature au milieu des pins. Tout en courant les routes pour suivre les championnats de Monsieur Muscle, il installe son premier studio de photos et rencontre des artistes débutants ou déjà en vogue.
C’est ainsi qu’il va devenir marchand d’art et créer le Studio Ferrero (1970) où il expose les œuvres de l’École de Nice et des Nouveaux Réalistes. Il fréquente alors Chagall, Miro et les novices César, Arman ou Gilli et achète ses premiers tableaux. L’histoire de sa vie se déroule ainsi à travers cette exposition qui nous propose de découvrir sa fabuleuse collection et la forte amitié qui le lie à ces artistes qui constitueront la joyeuse bande de copains convaincus que « la jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit ».
En 1975, Jean ouvre la Galerie Ferrero et s’enchaînent alors les vernissages, les discussions passionnées, les rires et les projets où chaque objet peut s’ériger en œuvre d’art. De ces joyeuses années, les photos sont toujours témoins : on y voit les portraits de Picasso, Calder … ou encore Charles Trenet et les souvenirs de la bande avec Ben, Soulages, Moya et bien d’autres sur la plage, à cheval… César l’ami intime est particulièrement mis en avant lors des instants de détente, au travail, en famille.
Parmi les œuvres qui retracent cette époque, nous pouvons observer des inclusions d’Arman, ses fameuses accumulations de violons, une immense fresque de Moya sur les quatre murs d’une salle qui lui est réservée, un Christ clouté Fétiche à clous de Claude Gili et des dizaines d’inscriptions de Ben …
Mais Jean Ferrero ne collectionne pas que l’art et une salle incroyable est consacrée à ses achats compulsifs de poupées chinoises, plaques anciennes de publicité, personnages de Walt Disney, affiches du carnaval de Nice…
Ben a écrit : « Il faut se méfier de Ferrero, trop rapide à flairer la bonne affaire, trop entasseur, trop de charme, trop libre … » Humour, virus de la collectionnite, amitié, talent, voilà ce qui vous attend en visitant Les années joyeuses !
Le Petit Plus : Pour poursuivre l’exposition, rendez-vous à L’artistique Centre d’Arts et de Culture Espace Ferrero jusqu’au 14 novembre 2020 (27 bd Dubouchage Nice) où Jean Ferrero a fait une donation de 853 œuvres d’art contemporain.
Par Anne Emellina