Le Mamac qui célèbre depuis son ouverture le Nouveau Réalisme et le Pop Art fête ses 30 ans avec cette expostion. Femmes artistes, super-héroïnes et nouvel idéal sont mis à l’honneur pour l'évènement. Un clin d’œil au Cosmic Strip de Gainsbourg et une révélation d’un pan de l’histoire de l’art.
Raconter une histoire du Pop-Art au féminin, telle a été l’ambition des créateurs de l’exposition Si les artistes hommes de ce mouvement bénéficient d’une notoriété planétaire, la surprise vient des femmes qui y ont participé pleinement. Les collections du Mamac s’articulent autour des œuvres du Nouveau Réalisme français et du Pop américain et dans cette cohérence, pour les 30 ans du musée, le face-à-face entre les deux mouvements est mis à l’honneur avec en figure de proue, la franco-américaine Niki de Saint-Phalle.
Un hommage est ainsi rendu à celle qui a offert à Nice 200 œuvres retraçant sa carrière et avec elle, une génération de femmes nord-américaines et anglaises et de manière inattendue, espagnoles, belges, italiennes, hongroises, grecques, polonaises … qui ont contribué au rayonnement du Pop à l’international.
1200 m2 pour près de 40 artistes et 165 œuvres (installations, peintures, films, assemblages…) et archives pour cette expo évènement pour la première fois en France. Le musée Maillol avait en 2017 fait sortir trois femmes des ténèbres (May Stevens, Rosalyn Drexler, Christina Ramberg) avec POP ART Icons that matter mais jamais autant de figures féminines n’avaient été ainsi révélées. L’affiche de l’exposition du Mamac (Miss Universe de Kiki Kogelnik) aux couleurs éclatantes et aux traits psychédéliques donne le ton du monde audacieux qui attend le public à l’intérieur. Elles ont adopté l’univers de la BD, les nouveaux matériaux de l’époque (vinyle, plexiglass, néons …), les objets de consommation, le langage Pop pour faire un autre type d’art. Car le mouvement entre leurs mains est strictement lié à la construction d’un monde meilleur et au féminisme.
A travers leurs œuvres, Evelyne Axell, Nicola L, Pauline Boty, France Cristini, Giosetta Fioroni … parlent d’émancipation sexuelle, de droits sociaux, de pacifisme. Revendication, quête d’indépendance, regard sur la place des femmes des sixties. C’est ainsi qu’aux côtés des artistes, on rencontre au fil de l’exposition des superhéroïnes de comics qui ont véhiculé l’image de la femme puissante, sensuelle comme Barbarella, Jordelle, Pravda la Surviveuse. Et des amazones libres en chair et en os comme Emma Peel agent secret, belle, sportive et diplômée, Brigitte Bardot qui incarnait la liberté sexuelle ou encore Jane Fonda qui fut Barbarella à l’écran mais aussi anti-militariste engagée pour la paix. Œuvrer pour la condition féminine et pour une société plus juste, voilà le credo de ces sacrées nénettes !
Le Pop féminin diffère donc du Pop masculin dans le sens où les artistes femmes pratiquent « la contre-appropriation ». Elles s’emparent des codes du Pop Art mais pour dénoncer ces mêmes codes. En effet, le mouvement Pop des hommes montre une femme omniprésente blonde, sexy, maquillée et il représente ainsi une nouvelle femme moderne qui a conquis des droits dans les années 60. Cependant, tout en participant au mouvement de libération de leur libération, les artistes masculins les cantonnent dans une iconographie réductrice où elles sont représentées de manière ultra sexualisée. Chez les artistes féminines du Pop, la pin-up est présente mais elle doit être vue à la fois comme un droit à la féminité mais aussi comme une image à combattre dans une société sexiste. Niki de Saint-Phalle elle, a choisi de montrer avec les Nanas ou sa Vénus des sculptures à l’opposé des stéréotypes de la beauté pour mieux les pointer du doigt.
Avec cette exposition tonique qui fait « Wip ! des Clip ! Crap ! des Bang ! des Vlop ! et des Zip ! » les femmes se rappellent au bon souvenir des historiens de l’art qui oublièrent que le Pop Art fut aussi féminin.
Le Petit Plus : Retrouvez sur https://awarewomenartists.com/artistes/ des focus 3 fois par semaine sur les artistes de l’exposition grâce au partenariat avec AWARE.
Par Anne Emellina