Amoureux de la nature et des ses habitants, Vincent Munier nous entraîne au cœur de contrées glacées et sauvages. L’exposition Les 3 Pôles propose de merveilleux clichés animaliers captés aux confins du monde.
Dès l’enfance, Vincent Munier s’immerge dans la nature et contemple avec émotion les forêts de ses Vosges natales où il apprend à observer la faune et ses secrets. Sa passion de la photographie l’emmènera dans les pays de l’Est, en Scandinavie, au Japon ou encore au Canada où il immortalisera ours, lynx, grues cendrées, cygnes sauvages et loups blancs.
C’est avec un vieux Novoflex prêté par son père qu’il captura à 12 ans des images de chevreuil après des heures d’attente et qu’il devint fou de photo au point de ne penser qu’à partir à l’affût à travers le monde.
Vincent va se faire connaître par une écriture photographique unique, inspirée par les estampes japonaises et l’art minimaliste : la brume, la pluie, la neige et le blizzard nimbent les animaux dont les silhouettes se fondent dans les paysages.
Intrigué, le visiteur du Musée de la Photographie Charles Nègre s’interroge sur ce troisième pôle mis en lumière dans une partie de l’exposition. On découvre qu’il s’agit des hauts plateaux tibétains ainsi surnommés où Vincent a passé de longs mois sur les traces de la panthère des neiges. De sa quête photographique dans une région du monde encore peu accessible, il a rapporté des clichés rares de cet animal introuvable au prix de longues heures de patience dans des conditions climatiques extrêmes et pu aussi photographier des yacks, des renards, d’étonnants chats de Pallas.
On pensait la panthère des neiges disparue car c’est ce qu’elle fait croire avec sa capacité à se camoufler. « Le paysage, par une étrange illusion d’optique, semble se résorber tout entier dans son corps. » Sylvain tesson co-auteur du livre La Panthère des neiges.
La sélection de photos de l’Arctique et l’Antarctique met à l’honneur le travail de ces deux dernières décennies qui ont permis à Vincent Munier de croiser des ours polaires, des bœufs musqués et des loups arctiques. Ces derniers appelés par les inuits « les fantômes de la Toundra » ont encerclé le photographe qui put, par une température de – 47°, immortaliser une meute de neuf canidés des neiges.
« Je veux connaître la nature dans ses plus fortes expressions car devant sa grandeur, l’homme retrouve sa fragilité. (…) Je suis venu goûter au sentiment profond, serein, d’une grande liberté. ».
La plupart du temps solitaire durant ses expéditions, Vincent a choisi de se faire accompagner en 2015 par le photographe et plongeur Laurent Ballestra pendant deux mois en Terre Adélie. Dans un univers fragile et aveuglant de blancheur, l’un a exploré la banquise, l’autre s’est immergé sous la glace pour partager avec nous des images inédites dont celles de ses habitants les plus symboliques, les manchots qui hélas sont menacés de disparition avec la fonte des glaces.
le Petit plus : Le film La Panthère des neiges sera diffusé deux fois par jour pendant toute la durée de l’exposition, séance à 10.30 et 16.00
Par Anne Emellina (texte et photos