Le Musée d’Art Naïf accueille pendant un an une grande exposition de Ben a qui il a laissé carte blanche pour investir intérieurs et extérieurs. « On est tous fous » est à la fois l’histoire d'une rencontre entre deux collections et l’opportunité pour l’artiste d'exposer la folie iconoclaste qui l'habite depuis tant d'années.
Le Musée International d’Art Naïf créé en 1982 est l’œuvre d’Anatole Jakovsky, critique d’art attitré du mouvement abstraction-création et découvreur de peintres naïfs, et de son épouse, Renée. Lorsque Ben y fut convié pour en célébrer les 40 ans, un projet se dessina dans son esprit, puis vint un vrai désir de s’y exprimer, des jardins du musée en passant par les terrasses, jusqu’à investir presque toutes les salles : 500 m2 avec plus de 150 œuvres de sa collection mêlées à celles des Jakovsky dédiées à l’art naïf.
« Je pars du principe que tout artiste a un grain de folie qu’il aimerait exposer mais qu’il n’ose pas. » Et c’est avec folie en effet, humour et génie créatif que Ben a travaillé à cette exposition pour crier que l’art est partout.
Dès le jardin, des installations accueillent le public : un ring prêt à accueillir des performances, une camionnette « Centre mondial du questionnement », un gorille sur le toit puis dans le hall, c’est selon l’expression de Ben, « le choc naïf » avec une multitude de petits formats naïfs de la collection du musée ponctués de réflexions et interrogations de l’artiste.
Dans cette volonté d’accumulation, des œuvres naïves restées en réserve ont été sorties pour se mélanger aux délires de l’artiste. Un mur tagué nous avertit : « Attention les yeux …. Art ou pas art ? … N’ayez pas peur … Il n’y a rien de beau ou de laid … »
Le montage a duré trois mois et certaines œuvres ont été faites sur place pour un parcours autour d’un mobilier rigoureusement choisi par Ben.
L’univers de Ben est donné à voir en une succession de moments qui, de ses « petites idées » aux « nouvelles écritures » en passant par « les sculptures », la « photographie », « le temps » et « la mort » dressent un kaléidoscope de ses réalisations les plus actuelles.
Baby-foot et piano dans La salle de jeu, baignoire, vestiaire et « lit sexmaniac » dans La chambre de Ben, façade Maison dans le hall où l’artiste y a cloué tout ce qu’il trouvait même parfois dans les poubelles et qui devrait s’appeler « Maison du fada » ou « Fondation du doute paranoïaque artistique » selon lui… Et puis, L’escalier psychiatrique où il inscrit « Je suis bipolaire », « Je suis autiste » ou encore « Je suis mégalo », la série Regarder le Mont Chauve et la Vérité avec 16 œuvres sur ce mont que l’on voit depuis le musée, l’espace J’aime les autres avec des collections du musée qu’il a souhaité intégrés et aussi L’Appartement, Salle réservée aux fous à lier, Salon des livres, Chambre du conservateur et Salle de bain.
« J’ai prévu de projeter dans la salle de cinéma mon film « Vous » tout en filmant le public, c’est-à-dire « Vous » ainsi que de projeter tous les vendredis des films « créations libres » mais obligatoirement réalisés sur place tous les 15 jours. ».
3000 cartes postales prétimbrées sont offertes dans l’Espace Mail Art : dessinées par Ben, elles sont à déposer dans une boîte aux lettres et envoyées ainsi dans le monde entier : messages divers, surprise des destinataires et valorisation de l’expression artistique participative.
Le petit plus : Beaucoup d’évènements à prévoir en un an : projections de films, fête de la musique, fête de la science, débats « pour ou contre » dans l’espace prévu à cet effet, café philo à partir des tableaux de Ben ….
Par Anne Emellina (texte et photos)
